Les patients porteurs asymptomatiques de Clostridioides difficile (anciennement Clostridium difficile) sont-ils des réservoirs cachés d'infections nosocomiales ? S'ils le sont très rarement pour les autres, les porteurs asymptomatiques à l'admission sont 24 fois plus à risque de développer une infection clinique. Ce sont les données d'une étude menée par l’Université du Michigan aux États-Unis, qui a interrogé le rôle des caractéristiques individuelles dans ce type d’infections nosocomiales en soins intensifs. Les résultats, qui confirment la part mineure pressentie de la transmission interindividuelle à l’hôpital, sont publiés dans la revue Nature Medicine.
Clostridioides difficile est une bactérie entéropathogène causant des diarrhées sévères, à l’origine d’un grand nombre d’infections nosocomiales. Les données épidémiologiques récentes suggèrent que seule une minorité de ces infections sont liées à une transmission interindividuelle à l’hôpital. Afin de mieux comprendre leur origine, l’équipe d’Evan Snitkin et Vincent Young à l’Université du Michigan a analysé des échantillons fécaux quotidiens de plus de 1 100 patients, provenant d'une unité de soins intensifs du Rush University Medical Center pendant neuf mois.
Environ 9 % des patients de l'étude étaient colonisés par C. difficile. Cependant, très peu d'éléments génomiques suggéraient une transmission directe d'un patient à l'autre. Seules six transmissions de ce type ont été observées au cours de l'étude. Seulement 1 % des patients négatifs à l'admission ont acquis un C. difficile par transmission au cours de leur séjour. En revanche, les patients déjà colonisés par le C. difficile présentaient un risque 24 fois plus élevé de développer une infection.
De la colonisation à l'infection clinique
Ces résultats soulignent l’importance (et le renforcement) des mesures d’hygiène à l’hôpital, qui permettent d’éviter les transmissions interindividuelles. Mais ils appellent aussi à identifier les patients porteurs asymptomatiques de la bactérie et donc plus à risque, afin d’essayer de prévenir la transition de la colonisation vers l'infection clinique.
« Nous devons trouver des moyens d'empêcher les patients de développer une infection lorsque nous leur donnons des aliments par sonde, des antibiotiques, des inhibiteurs de la pompe à protons – tous ces éléments qui prédisposent les gens à contracter une infection par le C. difficile », explique Vincent Young.
Des pistes sont testées pour la décolonisation bactérienne, telles que les probiotiques, des antimicrobiens ou la transplantation fécale, mais avec des résultats mitigés et sans preuve spécifique pour le C. difficile. Sans compter que de tels traitements pourraient déséquilibrer le microbiote.
L'équipe de recherche souhaite à présent développer des modèles d'intelligence artificielle pour identifier les patients à risque d'infection à C. difficile et ainsi concentrer les interventions dans cette population spécifique.
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