Après le Covid-19… la variole du singe. Depuis 2020, l’actualité est fortement marquée par la diffusion de maladies d’origine zoonotique.
« L’existence des maladies infectieuses d’origine animale, ou zoonoses, est connue depuis au moins le Néolithique, période de sédentarisation de l’Homme et de développement de l’agriculture et de l’élevage », rappelle le Commissariat général au développement durable (CGDD) sur le portail notre-environnement.gouv.fr.
Récente recrudescence des maladies infectieuses d'origine animale
Mais depuis quelques années, la transmission d’agents pathogènes d’origine animale à l’être humain s’accélère. « La fréquence d’apparition des maladies infectieuses, en particulier d’origine (…) zoonotique, a (…) augmenté depuis le début des années 1980 », rapporte le CGDD. Ainsi, alors qu’avant le XXe siècle, « le monde vivait une pandémie par siècle environ, depuis le début du XXIe siècle, six se sont déjà produites : SRAS, grippe A H1N1, MERS-CoV, Zika, Ebola et Covid-19 », souligne le CGDD.
À l’origine de cette dynamique se trouveraient la pression anthropique et le changement climatique. Le développement urbain et le commerce d'espèces sauvages augmenteraient les contacts entre faune et humains. De plus, la déforestation et le réchauffement climatique favoriseraient la prolifération de vecteurs. En outre, l’élevage intensif faciliterait « la diffusion rapide et à grande échelle d’agents zoonotiques », ajoute le CGDD.
Ainsi, au-delà de la pandémie de Covid-19 et de la vague actuelle de variole du singe, ces derniers mois, d’autres évènements infectieux d'origine zoonotique ont aussi fait parler d’eux à l’étranger - bien qu'ils apparaissent heureusement plus localisés pour le moment.
Aperçu non exhaustif de cas de zoonoses récemment identifiés dans le monde
Dans ce contexte, Le Généraliste propose un tour du monde non exhaustif de ces cas humains de zoonoses enregistrés depuis le début de l’été par le programme pour la surveillance des maladies émergentes (Program for Monitoring Emerging Diseases, ProMED) - mis en place dans les années 1990 par la société internationale de maladies infectieuses (ISID) pour « identifier les évènements de santé inhabituels relatifs à des maladies et des toxiques émergentes ou réémergentes affectant les humains, les animaux et les plantes ».
Plusieurs de ces épisodes témoignent d’une augmentation de l’incidence de nombreuses maladies d'origine zoonotique. Et certains apparaissent particulièrement inhabituels. À l’instar d’une épidémie due au virus Marburg détectée au Ghana – alors que l’Afrique de l’ouest n’avait jusqu’à présent enregistré qu’un seul cas de la maladie.
Parmi les cas d'infections d'origine zoonotique détectés cet été par le réseau ProMED :
Peste
La peste, due au bacille Yersinia pestis et transmise à l’être humain à partir de rongeurs infectés via des puces, est actuellement considérée comme réémergente : selon l’Institut Pasteur, des cas sont enregistrés en Afrique (en particulier en RDC et à Madagascar), Asie (en Chine et en Mongolie depuis 2020) et Amérique (notamment au Pérou). En France, aucun cas n’a été déclaré depuis 1945. Cliniquement, la peste se manifeste sous deux formes : une forme bubonique fréquente, avec syndrome infectieux très sévère et hypertrophie du ganglion lymphatique, qui guérit spontanément dans 20 à 40 % des cas, et une forme pulmonaire, systématiquement mortelle en trois jours et qui permet une transmission interhumaine du bacille. Si une antibiothérapie existe, les vaccins sont encore à l’étude.
Fièvre de Lassa
La fièvre de Lassa, liée au virus Lassa – dont le réservoir est un rongeur appelé Mastomys natalensis – est endémique en Afrique de l’Ouest, où son incidence augmente. Il s’agit par ailleurs de la fièvre hémorragique la plus fréquemment importée dans les pays du Nord, selon l’Institut Pasteur. Seul antiviral disponible pour le traitement spécifique : la ribavirine, à l’efficacité toutefois peu démontrée. Par ailleurs, comme le déplore l’institut Pasteur, aucun vaccin n’est disponible.
Leptospirose
La leptospirose est due à des bactéries du genre Leptospira. Les rongeurs infectés sont contaminants par leur urine, le pathogène survivant ensuite dans l’eau douce et sur les sols boueux. La maladie est de plus en plus présente dans le monde. Ainsi, dans l’Hexagone, environ 600 cas seraient recensés chaque année, en particulier chez des professionnels à risque (éboueurs, égoutiers, agriculteurs, etc.) et chez les adeptes de loisirs nautiques en eau douce. « De nombreuses formes cliniques, allant du syndrome grippal à l’atteinte multiviscérale avec syndrome hémorragique sont décrites », les plus graves associant « insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins sévères (pulmonaire, digestive) », détaille l’Institut Pasteur. Le traitement repose sur l’antibiothérapie. Un vaccin est disponible – et indiqué, en France, chez les travailleurs les plus exposés.
Hantavirus
Les hantavirus, transmis à l’homme via des poussières et aérosols contaminés par des excréments de rongeurs, sont présents sur tous les continents. Dans l’Hexagone, une centaine de cas est enregistrée chaque année, en particulier dans le quart nord-est du pays, rapporte Santé publique France. Selon l’instance, ces pathogènes peuvent être associés à deux grands types de tableaux. Le premier : une fièvre hémorragique à syndrome rénal (FHSR) de gravité variable (létalité de 0 à 10 % en fonction des espèces de virus) majoritaire en Europe et en Asie. Le deuxième : un syndrome pulmonaire plus sévère (létalité jusqu’à 60 %) recensé sur le continent américain. « Il n’existe pas de traitement spécifique ni de prophylaxie vaccinale », déplore Santé publique France.
Fièvre hémorragique de Crimée-Congo
La fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) est liée à un nairovirus dont le réservoir animal apparaît très divers (oiseaux sauvages, bovins, moutons, etc.). Le pathogène peut être transmis de l'animal à l’être humain par des tiques ou directement d'homme à homme. La maladie est endémique en Afrique, dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Asie. En France, l'heure est à la vigilance quant à une potentielle introduction. L’apparition des symptômes est brutale, avec notamment de la fièvre, des vertiges, une photophobie, une confusion, etc. et des signes hémorragiques. « Il y a en général des signes d’hépatite et les sujets les plus gravement atteints peuvent développer une dégradation rapide de la fonction rénale », décrit l’OMS, qui estime la létalité à 30 %. Le traitement est essentiellement symptomatique, même si la ribavirine peut aussi être utilisée. « Il n’existe pas de vaccin, ni pour l’homme, ni pour l’animal », déplore l’OMS.
Syndrome de fièvre sévère avec thrombopénie (TFST)
Le syndrome de fièvre hémorragique avec thrombopénie, arbovirose due à un Phlebovirus qui peut se transmettre de l’animal (rongeur, chiens, chats, notamment) à l’être humain via des morsures de tiques – ou d’homme à homme dans de rares cas –, a été décrit en Chine en 2009. Depuis, il a aussi été observé au Japon et en Corée. Le tableau clinique « associe une fièvre élevée, des troubles gastro-intestinaux, une leucopénie et une thrombocytopénie », et peut mener à une défaillance multiviscérale et à la mort, rapporte l’Académie de Médecine, qui estime la létalité entre 6 et 30 %. « En l'absence de thérapeutique spécifique, le traitement est purement symptomatique. » Aucun vaccin n’est disponible.
Charbon
Le charbon (ou anthrax, en anglais) est une zoonose due à Bacillus anthracis, qui peut toucher toutes les espèces de mammifères domestiques et sauvages – « surtout les herbivores », souligne Santé publique France –, voire quelques oiseaux. « De répartition mondiale, la maladie est également présente en France : l’enfouissement au cours des siècles passés de cadavres d’animaux morts de charbon a contribué à la contamination de certains sols dits "champs maudits" (par des spores très résistantes) où, historiquement, des foyers sont apparus périodiquement », explique Santé publique France. Dans l’Hexagone, 7 cas humains ont été déclarés entre 2001 et 2018. Chez l’humain, la clinique peut être soit cutanée, soit digestive, soit pulmonaire, « selon le mode de contamination ». Le traitement repose sur une antibiothérapie et des mesures non spécifiques. Aucun vaccin n'est commercialisé en médecine humaine.
Fièvre hémorragique argentine
La fièvre hémorragique argentine, due au virus Junin et dont le réservoir animal est constitué par des rongeurs, est, comme son nom l’indique, endémique en Argentine. La maladie est grave : peuvent s’ajouter à de la fièvre et des céphalées des troubles hématologiques, rénaux, voire neurologiques, et sans traitement, la létalité est de 30 %, estime le réseau proMED. Le traitement spécifique repose sur la ribavirine et surtout l’injection de sérum de convalescent. Un vaccin est disponible en zone d’endémie.
Grippe aviaire
« La grippe aviaire est une maladie virale qui sévit chez les oiseaux, et dont le taux de mortalité est très élevé chez les oiseaux d’élevage (poulet, oies, etc.) », rappelle l’Institut Pasteur. Problème : si la plupart des virus aviaires n’infectent pas l’être humain, certains pourraient s’avérer capables de franchir cette barrière d’espèce, à l’instar des virus grippaux de type A, et notamment du sous-type H5. « À l’heure actuelle, la transmission (des virus aviaires) ne se fait que de l’animal à l’homme, mais les autorités sanitaires redoutent une évolution du virus vers une forme transmissible d’homme à homme, porte ouverte à une pandémie », résume l’Institut Pasteur.
Brucellose
« La brucellose est une maladie bactérienne causée par diverses espèces du genre Brucella, qui infectent principalement les bovins, les porcs, les chèvres, les moutons et les chiens », rappelle l’OMS. Le pathogène se transmet le plus souvent à l’être humain par contact direct avec des animaux infectés, inhalation d’aérosols bactériens ou consommation aliments contaminés (lait non pasteurisé en particulier). La brucellose compte parmi les zoonoses les plus répandues dans le monde, rapporte Santé publique France. Dans l’Hexagone, seule une trentaine de cas serait enregistrée chaque année. « Si les formes graves (abcès cérébral, endocardite) sont rares, la brucellose peut évoluer chez l’être humain vers une forme chronique avec complications, en particulier en cas d’infection d’une articulation (arthrite) », explique l'agence. Des antibiotiques spécifiques sont disponibles. Il n'existe pas de vaccination humaine.
Fièvre Q
La fièvre Q, aussi appelée coxiellose, est due à la bactérie Coxiella burnetii. Le pathogène a pour réservoir des oiseaux et des mammifères tels que des rongeurs et surtout des ruminants, « le plus souvent à l’origine des infections humaines », indique santé publique France. Ces animaux peuvent excréter la bactérie, alors capable de persister « de nombreuses semaines » dans l'environnement et d'être disséminée « par le vent jusqu’à 30 km de distance ». La maladie est présente dans le monde entier. En France, son incidence est en augmentation, avec environ 200 cas par an. L’infection est asymptomatique dans 60 % des cas, mais peut aussi se présenter sous forme aiguë ou sous forme chronique - rare mais grave (endocardite, infection d’anévrisme). Le traitement repose sur une antibiothérapie. « Un vaccin destiné à l’Homme (…) (est) disponible sous ATU en France » mais n’est en pratique pas utilisé, rapporte Santé publique France.
Virus West Nile
Le virus West Nile (ou virus du Nil occidental), arbovirus du genre Flavivirus, a pour hôtes principaux les oiseaux, et pour hôtes accidentels les mammifères comme l’être humain, qui s’infectent via les moustiques du genre Culex. Du fait notamment des migrations d’oiseaux, « depuis sa première identification en Afrique de l’Est, le virus a été identifié sur l’ensemble des continents », indique l’Institut Pasteur, si bien qu’il est aujourd’hui endémique notamment en Méditerranée. Dans l’Hexagone, le virus « circule ponctuellement sur le pourtour méditerranéen », indique Santé publique France. Si 80 % des personnes infectées développent peu voire pas de symptômes, dans moins d’1 % des cas, le virus West Nile peut être à l’origine d’atteintes neurologiques potentiellement mortelles. Il n’existe à ce jour ni traitement antiviral spécifique, ni vaccin humain.
Virus Marburg
Le virus Marburg, qui, comme Ebola, appartient à la famille des filoviridés, provient surtout d’une espèce de roussette (chauve-souris). « À l’origine, l’infection chez l’homme résulte d’une exposition prolongée dans des mines ou des grottes abritant des colonies de roussettes », explique l’OMS, selon qui la transmission est aujourd’hui « avant tout interhumaine » - liée à des contacts directs ou indirects avec des liquides biologiques infectés. Des flambées et des cas sporadiques avaient jusqu’à présent été notés surtout dans le sud est de l’Afrique, mais récemment, le pathogène a été détecté à l’ouest du continent. Cliniquement, la maladie est une fièvre hémorragique sévère proche de l’infection à Ebola, dont le taux de létalité avoisine les 50 %. Il n’y a à ce jour pas de traitement spécifique. « Il est possible que (le vaccin anti-Ebola) puisse apporter une protection contre la maladie à virus Marburg, mais son efficacité théorique n’a pas été démontrée dans le cadre d’essais cliniques », déplore l’OMS.
Rage
Due à des lyssavirus, « la rage est une maladie d’inoculation, transmise à l’Homme par morsure, griffure ou léchage par un animal infecté et qui excrète le virus dans sa salive », essentiellement par des chiens – même si d’autres mammifères carnivores et des chauves-souris peuvent aussi transmettre le virus –, rappelle Santé publique France. Si la maladie est rare en France (23 cas seulement depuis 1970), « elle est fréquente en Afrique et en Asie », et la circulation des virus rabiques n’est pas maîtrisée dans l’est de l’Europe et les Balkans. Ainsi continuent d’être recensés chaque année dans le monde plus de 50 000 décès dus à cette encéphalite virale systématiquement mortelle une fois les symptômes installés.
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