Depuis 2021, la côte basque subit la prolifération d'Ostreopsis, cette algue tropicale microscopique à l'origine de plus de 900 intoxications. L'agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) détaille les mesures pour protéger les populations, et en particulier les professionnels exposés. Les professionnels travaillant sur les plages ou à proximité, comme les maîtres-nageurs-sauveteurs ou les restaurateurs, sont particulièrement touchés.
« Les personnes qui ont des problèmes respiratoires sont les plus à risque de présenter des symptômes, indique Carole Catastini, qui a coordonné l’expertise de l'Anses. Elles devraient éviter d’être à proximité du littoral lorsqu’il y a une prolifération d’Ostreopsis. »
Symptômes grippaux, irritations cutanées et troubles gastriques
La microalgue est arrivée en Méditerranée il y a une vingtaine d’années. « En France, l’aire de répartition de cette microalgue s’étend, avec une présence sur la côte basque depuis quelques années », décrit l'Anses. L'Ostreopsis prolifère davantage l'été lorsque la température de l'eau est plus clémente.
« Du fait des toxines qu’elle produit, Ostreopsis est à l’origine d’intoxications provoquant des symptômes de type grippal, des irritations cutanées et des troubles gastriques, liste l'Anses. Les signes apparaissent quelques heures après le contact avec la microalgue ou ses toxines et disparaissent en quelques jours. » Une exposition prolongée à Ostreopsis peut entraîner un allongement de la durée des symptômes.
L'intoxication peut survenir même en étant à quelques mètres de la plage en période de prolifération, car la principale voie d’exposition est l’inhalation des embruns marins. « Signe distinctif de la présence de la microalgue : la sensation d’un goût métallique dans la bouche, même si elle a seulement été inhalée et non ingérée », alerte l'Anses.
Un outil pour aider les ARS
« Les professionnels sont encouragés à signaler ces symptômes auprès de la médecine du travail », souligne l'Anses, précisant qu'un aménagement du temps de travail peut être envisagé pour limiter la durée de la présence des professionnels sur les plages lors des périodes de proliférations. L'agence recommande par ailleurs le port d’équipements de protection, comme des masques et des gants, pour les personnes en charge des prélèvements d’eau.
L'Anses met également à disposition des autorités locales, et notamment des agences régionales de santé (ARS), un arbre décisionnel, récapitulant les mesures à mettre en place selon la concentration de microalgues dans l’eau ou le nombre d’intoxications recensées. « Ces mesures vont de l’information du public, en particulier des populations à risque et des professionnels, jusqu’à l’interdiction des activités nautiques et la fermeture des plages », explicite l'Anses.
La fréquence des prélèvements d’eau doit par ailleurs être adaptée en fonction de la concentration de la microalgue, alors que les contrôles sanitaires des eaux de baignade sont habituellement réalisés tous les 15 jours, poursuit l'Anses. « Cette fréquence pourrait devenir hebdomadaire, voire quotidienne lorsqu’Ostreopsis est détectée, afin de suivre de près la situation qui peut évoluer en quelques jours », estime-t-elle.
Vigilance quant aux produits de la mer
« Il ne faudrait pas contrôler uniquement les plages surveillées, comme c’est le cas actuellement, mais toutes les plages où il y a des activités nautiques, qu’il s’agisse de baignade, de surf ou de voile, complète Carole Catastini. On sait aussi que la présence d’Ostreopsis peut être très localisée : elle peut être présente à une extrémité de la plage mais pas à l’autre. »
Quelques rares cas d’intoxication par voie alimentaire ont été rapportés en dehors de l’Europe, mais le lien avec Ostreopsis n'a pas été établi avec certitude. Par mesure de précaution, il est conseillé de ne pas prélever les produits de la mer en cas de proliférations d’Ostreopsis. « Les poissons doivent être éviscérés avant d’être consommés, les toxines s’accumulant dans l’appareil digestif », indique Nathalie Arnich, qui a coordonné l’expertise.
Pour protéger la santé des consommateurs lors de la consommation de coquillages, l’Anses a déterminé une concentration en toxines produites par Ostreopsis qui ne doit pas être dépassée dans ces produits.
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