L’évolution des températures liée au réchauffement climatique a d’ores et déjà un impact important sur la mortalité dans l’Hexagone. C’est ce que confirme une récente étude de Santé Publique France.
Un réchauffement du climat français
« Les températures inhabituelles froides ou chaudes ont un effet direct sur la santé, notamment en termes de mortalité et de recours aux soins », rappelle l’agence de santé publique. Ainsi, on sait qu’en France, les températures inhabituellement élevées sont classiquement associées à une augmentation très importante du risque de décès – tandis que les températures très basses ont un impact plus modéré. Or « le changement climatique se traduit [dans l’Hexagone] par un déplacement de la distribution des températures vers des valeurs plus élevées, et par une augmentation de la variabilité des températures », souligne Santé Publique France. Dans ce contexte, la question de l’impact du réchauffement du climat sur la mortalité se pose.
Ainsi, l’agence s’est penchée sur « l’évolution des températures et des décès dans 18 villes de France » au cours des dernières décennies. « Santé publique France a examiné 45 ans de données journalières de température et de mortalité », des années 1970 aux années 2010, précise-t-elle.
Les Français rapidement acclimatés aux températures élevées ?
Résultat : il semble que la population supporte désormais mieux les fortes chaleurs qu’auparavant, et que le risque de décès associé aux températures inhabituellement élevées a progressivement baissé au cours des dernières décennies. En effet, dans sa publication, Santé publique France rapporte que des températures moyennes supérieures à 28 °C étaient associées à un risque de décès plus élevé dans les années 1970 (RR de 2,33 en 1975, par exemple) par rapport aux années 2010 (RR de 1,33 en 2015, par exemple). À noter qu’au contraire, pour les températures exceptionnellement basses, inférieures à – 7 °C, le risque de décès a augmenté entre les années 1970 et les années 2010.
Pour Santé Publique France, cette diminution progressive du risque de décès associée aux températures élevées pourrait signer un début d’adaptation de la population au réchauffement climatique. « L’exposition répétée à des températures inhabituellement froides ou chaudes peut améliorer la thermorégulation, conduisant à une acclimatation aux températures les plus fréquentes », plaide l’agence. Une « amélioration des conditions socio-économiques et médicales » ainsi que « les mesures de prévention organisées à partir de 2004 » pourrait également jouer un rôle.
Augmentation du fardeau imputable aux fortes chaleurs
Toutefois, cette possible acclimatation des Français à des températures plus élevées ne suffit pas à contrebalancer totalement l’impact du changement climatique. La multiplication des épisodes de fortes chaleurs dans le pays est en effet telle que malgré cette adaptation de la population, le fardeau lié aux températures caniculaires a significativement augmenté en 45 ans. « Le nombre de décès attribuables aux températures les plus chaudes a doublé depuis les années 1970, représentant […] 0,23 % de la mortalité totale dans les années 2010 » contre 0,11 % dans les années 1970, déplore Santé Publique France.
Le fardeau lié aux grands froids reste encore toutefois le plus lourd, même s’il n'a pas augmenté. « Le nombre de décès attribuables aux températures les plus froides est stable, au cours du temps, représentant environ 0,6 % de la mortalité totale chaque année », relève l’instance.
Au total, Santé Publique France appelle non seulement à se mobiliser pour limiter le changement climatique, mais surtout à « poursuivre les efforts pour réduire l’impact des températures froides et chaudes sur la mortalité ». Pour ce faire, l’agence évoque trois « piliers » : organiser une réponse coordonnée aux épisodes extrêmes, améliorer l’état de santé de la population, mais aussi modifier les cadres de vie et organisations de travail afin de limiter l’exposition aux fortes chaleurs.
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