Des millions de cas de pathologies telles que les infections respiratoires basses, la BPCO ou encore certains cancers évitées, voire un allongement de l’espérance de vie de l’ensemble de la population… Tels sont les progrès qui pourraient être enregistrés en France d’ici 2050 avec le programme national de lutte contre le tabagisme. C’est ce que laisse espérer un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estimant l’impact économique mais aussi sanitaire des mesures de lutte contre le tabagisme mises en place dans l’Hexagone.
Comme le rappelait Santé publique France le 31 mai dernier, depuis la crise sanitaire, la lutte contre la cigarette stagne en France. Et ce, alors même que les années précédentes, un ensemble de mesures relativement drastiques avait permis de réduire la prévalence du tabagisme.
4 millions de pathologies chroniques en moins
Dans ce contexte, cinq analystes de l’OCDE ont décidé d’évaluer l’impact économique mais aussi sanitaire des mesures mises en place entre 2016 et 2020 dans le cadre du programme national de lutte contre le tabac. Plus concrètement, ces chercheurs ont utilisé un « modèle de microsimulation de l’OCDE » afin d’estimer à l’horizon 2050 les bénéfices de ces mesures, dans l’hypothèse où celles-ci seraient maintenues durant les 28 prochaines années.
Résultat : si les mesures phares mises en place en 2016 et 2020 (augmentation du prix du paquet de cigarettes, obligation d’emballage neutre, campagne annuelle d’incitation au sevrage #MoisSansTabac, remboursement des substituts nicotiniques) étaient maintenues entre 2023 et 2050, la morbidité liée au tabac reculerait bel et bien significativement. Selon les auteurs du rapport, ces initiatives permettraient « d’éviter quelque 4 millions de cas de maladies », dont près 1,9 million de cas de troubles musculosquelettiques, plus d’1,5 millions de cas d’infections respiratoires basses, 300 000 cas de BPCO, 200 000 cas de cancers et 100 000 cas de pathologies cardiovasculaires, etc. En termes économiques, ces avancées s’accompagneraient d’économies de « 578 millions d’euros par an en dépenses de santé », calculent les auteurs.
Un effet sur la mortalité est aussi à attendre. « (La poursuite de la lutte contre le tabac) prolongerait d’1,3 mois l’espérance de vie et d’1,5 mois l’espérance de vie en bonne santé sur la période 2023-2050 (…) pour l’ensemble de la population », résument les auteurs. Des chiffres sans doute bien plus élevés pour les fumeurs, et dans tous les cas non négligeables dans la mesure où « au cours de ces 10 dernières années », l’espérance de vie des Français n’a augmenté que de quelques mois, jugent les analystes.
La campagne annuelle #MoisSansTabac aurait à elle seule un impact sanitaire significatif. « Selon les estimations, (cette) campagne pour l’arrêt du tabac évitera 241 000 cas d’infection des voies respiratoires inférieures, 210 000 nouveaux cas de troubles musculaires squelettiques, 44 000 cas de BPCO, et 28 000 nouveaux cas de cancer dans les 28 prochaines années », plaident les auteurs.
(À noter qu'une analyse complémentaire réalisée en prenant en compte la nouvelle dynamique installée depuis la crise sanitaire suggère une légère réduction des effets sanitaires escomptables de la lutte contre le tabagisme).
Des mesures à renforcer
Au total, de quoi encourager à poursuivre la lutte contre le tabac, et à ne pas renoncer à certains nouveaux objectifs ambitieux – à l’instar d’une première génération d’adultes non-fumeurs en 2032. « Le renforcement continu des mesures de lutte contre le tabagisme aurait des retombées considérables », insistent les auteurs du rapport, qui ont aussi alimenté leur modèle avec un autre scénario : celui de l’élimination pure et simple du tabagisme. « Il ressort de (cette nouvelle simulation) que, sans tabac, plusieurs millions de cas de maladies pourraient être évités dans les 28 prochaines années », déclarent-ils. Plus précisément, près de 14,5 millions de cas de TMS, plus de 8 millions de cas d’infections respiratoires basses, près de 2 millions de cas de BPCO et au moins 1 million de cas de cancers pourraient notamment être évités. « En termes relatifs, cela représente environ 34 % de tous les cas de BPCO, 23 % des cas de cancer et 15 % de tous les cas de TMS », soulignent les auteurs.
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