Des analyses préliminaires réalisées l’année dernière l’avaient suggéré, des travaux plus récents le confirment : l’année dernière, le dépistage du VIH et plus généralement des infections sexuellement transmissibles (IST) a significativement reculé. C’est ce que déplore Santé Publique France, qui vient d’actualiser les données de surveillance du VIH et des IST dans l’Hexagone à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, qui se tiendra le 1er décembre.
Recul de 14 % du dépistage du VIH en 2020
Dans son bulletin de décembre 2021 portant sur les chiffres de 2020, l’agence relève une réduction de l’activité de dépistage du VIH d’autant plus notable que des progrès significatifs avaient été réalisés au cours des 6 années précédentes. « L’activité de dépistage du VIH, qui avait augmenté entre 2013 et 2019, a diminué [de 14 %] entre 2019 et 2020 », résume-t-elle. De fait, l’année dernière, les laboratoires de biologie médicale n’ont réalisé que 5.2 millions de sérologies VIH, contre plus de 6.2 millions l’année précédente.
Du côté du dépistage des autres IST, même tendance. De fait, moins de 2.6 millions de dépistages d’infection à Chlamydia trachomatis ont été réalisés en 2020, soit plus de 200 000 de moins qu’en 2019. De même, 170 000 dépistages du gonocoque et 145 000 dépistages de la syphilis de moins qu'en 2019 ont été effectués l'année dernière.
Un accès au dépistage très limité pendant le 1er confinement
En cause : la crise sanitaire, qui a d’abord pu réduire le recours au dépistage en en limitant l’accès, notamment pendant le premier confinement.
En particulier, la fermeture des Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) au printemps 2020 a pu dissuader certains patients de se faire dépister. D’ailleurs, le dépistage des infections à Chlamydia trachomatis ou à gonocoque ainsi que de la syphilis a enregistré une baisse plus marquée dans ce genre de structures (de l’ordre de - 30 %) que dans le secteur privé (de l’ordre de – 6 %).
A noter que la fermeture des CeGIDD et plus généralement la saturation de l’hôpital pourrait par ailleurs expliquer que le nombre de découvertes de séropositivité ait, en 2020, singulièrement baissé chez les personnes nées à l’étranger (- 28% par rapport à 2019). « Outre des flux migratoires en baisse, cette diminution peut s’expliquer par un accès au dépistage rendu plus particulièrement difficile pour cette population dans le contexte de la crise sanitaire », explique Santé Publique France.
Limitation des expositions à risque
Mais la pandémie pourrait également avoir joué en diminuant une partie des besoins de dépistage : les restrictions successives et les mesures de distanciation sociale pourraient avoir limité les expositions à risque. Ainsi, le nombre de découvertes de séropositivité en 2020 n’a pas diminué de 14 % comme le nombre de sérologies réalisées, mais bien de 22 % par rapport à 2019. Cet effet du Covid-19 aurait cependant « vraisemblablement été limité au 1er confinement », nuance Santé Publique France.
Quoi qu’il en soit, ce recul du dépistage apparaît inquiétant dans la mesure où il pourrait provoquer non seulement des retards de diagnostic préjudiciables pour les patients touchés mais surtout « une circulation plus importante [des IST et du VIH] ». « En 2020, 30% des infections à VIH ont été découvertes à un stade avancé de l’infection, ce qui constitue une perte de chance en termes de prise en charge individuelle et un risque de transmission du VIH aux partenaires avant la mise sous traitement antirétroviral », s’alarme Santé Publique France.
Campagne d'information
Aussi l’instance appelle-t-elle à « inciter la population à recourir au système de soins, et notamment à l’offre de dépistage dans toutes ses modalités ». Pour ce faire, Santé Publique France diffuse une campagne d’information visant à « accroître la connaissance de l’effet préventif du traitement antirétroviral (TasP) et lutter contre les discriminations liées à la séropositivité au VIH » en population générale – ce qui pourrait, selon elle, favoriser le recours au dépistage.
Par ailleurs, l’agence de santé publique attire l’attention sur la « chute de la participation des professionnels de santé aux différents systèmes de surveillance ». « Il est essentiel d’améliorer l’exhaustivité des données de surveillance, qui s’est particulièrement dégradée ces 2 dernières années, afin de pouvoir disposer d’indicateurs robustes au niveau national et territorial, indispensables au suivi de la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030 », rappelle-t-elle.
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