Il apparaît « peu probable » que le déploiement de la 5G s’accompagne de nouveaux effets sanitaires. Telle est la conclusion de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses), qui vient de rendre à ce sujet un rapport doublé d'un avis – tous deux ouverts à une consultation publique jusqu’au 1er juin.
Comme l’a rappelé lors d’une conférence de presse le chef de l’unité d'évaluation des risques liés aux agents physiques de l’Anses, Olivier Merckel, la 5G, pour permettre des communications à haut débit entre téléphones mobiles et antennes relais, voire entre objets connectés, devrait être déployée dans 3 bandes de fréquences. La première, de 700 MHz à 2,1 GHz, est déjà utilisée dans le cadre de la 3G et de la 4G. La seconde, autour de 3,5 GHz, commence à être installée en France par l’intermédiaire de nouvelles antennes capables de focaliser les ondes électromagnétiques vers les utilisateurs. La dernière, vers 26 GHz, n'est encore utilisée nulle part et devrait être déployée plus tard en France.
Dans ce contexte, le gouvernement a posé à l'Anses la question des éventuelles conséquences sanitaires de l'exposition à ces trois bandes de fréquences sur la santé. Pour répondre, l’Anses et un collectif d’experts se sont basés sur de précédentes expertises de l’instance de sécurité mais aussi sur des travaux de l’Agence nationale de fréquences radio (ANFR), des rapports internationaux, des données recueillies dans des pays plus avancés dans le déploiement de la 5G tels que la Corée du Sud et le Royaume-Uni, etc.
Pas de lien de causalité entre ondes et effets sanitaires entre 700 MHz et 2,1 GHz
Résultat : aux fréquences comprises entre 700 MHz et 2,1 GHz, aucun effet sanitaire particulier des champs électromagnétiques n’a été mis en évidence par l’agence. Et ce bien que celle-ci se soit penchée sur d’éventuels risques de cancers, de modifications du fonctionnement cérébral, d'impacts sur la fertilité ou de symptômes d’électrohypersensibilité - les ondes de cette bande de fréquences sont connues pour pénétrer profondément les tissus, rappelait lors de la conférence de presse la présidente du groupe de travail « technologies 5G » de l'Anses, Alicia Torriglia.
En effet, « les niveaux d’exposition [à cette bande de fréquences] seront vraisemblablement comparables pour la 5G et les technologies précédentes », rapporte la spécialiste. Or, les expertises de l’Anses et les investigations internationales réalisées sur les technologies précédentes n’ont pas mis en évidence de rapport de causalité entre l’exposition à ces champs électromagnétiques et « l’apparition d’effets sanitaires », rassure-t-elle.
Seule zone d’ombre : aucune étude spécifique ne semble avoir été menée pour la bande de fréquence 700 MHz.
Des risques « peu vraisemblables » à 3,5 GHz
De même, pour la bande de fréquences situées aux alentours de 3,5 GHz, l’Anses considère qu’il apparaît « peu vraisemblable à ce stade que le déploiement de la 5G […] constitue un nouveau risque pour la santé », résume Alicia Torriglia.
Si aucune mesure directe de l’exposition à ces fréquences, encore peu déployées en France, n’est possible, des modélisations réalisées par l’ANFR en 2020 ont en effet montré que si le volume de données échangées restait inchangé par rapport à aujourd’hui, son niveau atteindrait environ 1,5 V/m. Un chiffre confirmé par des mesures réalisées en Corée du Sud et au Royaume-Uni ainsi que par des simulations ayant pris en compte toutes les fréquences d'ondes éléctromagnétiques utilisées, et qui apparaît bien en deçà des valeurs limites d’exposition (26 V/m).
En outre, la profondeur de pénétration des ondes électromagnétiques est, à 3,5 GHz, réduite de 40 % par rapport à la bande de fréquences inférieure, rappelle la directrice du groupe de travail.
Pas assez de données pour conclure à 26 GHz
En revanche, à 26 GHz, l’agence juge que « les données ne sont pas suffisantes pour conclure à l’existence ou non d’effets sanitaires ».
« Il n’y a absolument pas de données d’exposition dans cette bande de fréquence car il n’y a pas de déploiement effectif à l’heure actuelle », insiste en effet Alicia Torriglia. De même, concernant d’éventuels effets sanitaires des champs électromagnétiques de cette fréquence, « les données sont très limitées, voire même quasi-inexistantes », déplore-t-elle.
De manière encourageante, des simulations auraient toutefois mis en évidence de très faibles niveaux d’exposition, et on sait qu’au-delà de 10 GHz, la pénétration des ondes électromagnétiques apparaît très faible, de l’ordre du millimètre, et donc limitée aux couches superficielles de la peau et de l’œil.
Quoi qu'il en soit,« les connaissances sur les liens entre expositions et effets sanitaires [doivent] être renforcées », juge l'Anses. Ainsi appelle-t-elle à caractériser les expositions en situation d'usage réel des différentes bandes de la 5G et à approfondir les connaissances sur les effets biologiques ou sanitaires de ces expositions par exemple au moyen d'études expérimentales.
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