Était-ce trop beau pour durer ? Alors qu’elle diminuait en France depuis 2014, la prévalence du tabagisme s’est stabilisée dans le pays au début de l’année dernière. C’est ce que déplore Santé Publique France devant les résultats de son Baromètre 2020 - qui viennent de paraître, en amont de la journée mondiale sans tabac du 31 mai, dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Si Santé Publique France étudie régulièrement l’évolution des consommations de tabac, le Baromètre 2020 s’annonçait singulier. « Le premier confinement généralisé, décrété le 17 mars, a provoqué un bouleversement des modes de vie, avec des répercussions psychologiques, économiques, sanitaires et sociales et un impact sur la santé mentale et les comportements de santé » , rappelle l’agence de santé publique. Aussi, l’enquête visait cette année non seulement à mesurer - comme d'habitude - l’évolution de la prévalence du tabagisme, mais aussi à étudier les effets potentiels du confinement.
Pour ce faire, les auteurs ont interrogé au téléphone environ 15 000 adultes choisis aléatoirement, dont plus de 9 000 ont été contactés avant le confinement (entre le 8 janvier et le 16 mars) et près de 5 700 après le confinement (entre le 4 juin et le 28 juillet).
Une dynamique pas liée au confinement…
Résultat : dans la population adulte prise dans son ensemble, la prévalence du tabagisme a bien cessé de reculer en 2020, se fixant à un niveau élevé proche de celui observé en 2019. De fait, plus de 30 % des adultes interrogés ont déclaré fumer en 2020 – un chiffre qui avait déjà été relevé l'année précédente. De même, le tabagisme quotidien aurait concerné l’année dernière 25,5 % des adultes – contre 24 % en 2019.
Cette stabilisation du tabagisme ne semble pas attribuable au confinement. Globalement, « la prévalence du tabagisme quotidien n’a pas significativement varié entre 2019 (24,0 %), le pré-confinement (25,6 %) et le post-confinement (25,3 %) », souligne en effet l’agence. De plus, une légère augmentation du nombre de consommateurs observée au tout début de l’année, avant la pandémie, et qui n’a pas persisté au-delà du confinement suggère plutôt une cause pré-existante, préalable à la crise sanitaire.
... mais à des conditions socio-économiques difficiles
Pour tenter d'identifier l'origine du phénomène, Santé Publique France s'est penchée sur les caractéristiques socio-économiques des répondants.
Si dans l’ensemble de la population adulte, la prévalence du tabagisme s’est bien stabilisée, celle du tabagisme quotidien a augmenté chez les personnes les moins diplômées et recevant les revenus les plus faibles. Et ce même avant le confinement, et de façon marquée (hausse de plus de 3 points chez les sujets qui reçoivent les revenus les moins élevés - avec un écart de près de 20 points avec les individus les mieux payés -, et de près de 4 points chez ceux ne détenant aucun diplôme - atteignant une différence de 15 points avec les personnes les plus diplômées).
Aussi, Santé Publique France avance plutôt une explication socio-économique à cette stabilisation du tabagisme. Dans le BEH, l’agence tente en effet de rapprocher cette tendance de la crise des gilets jaunes, « marquée notamment par une contestation des inégalités socio-économiques » par les moins favorisés. « Or parmi [ces populations], la cigarette pourrait être utilisée pour gérer le stress ou pour surmonter les difficultés du quotidien, malgré le coût de plus en plus important de ce produit », avance-t-elle.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie