La mortalité périnatale est restée stable entre 2014 et 2019. C’est ce qu’indiquent les dernières statistiques françaises à ce sujet, que la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (DREES) vient de publier.
Pour rappel, le taux de mortalité périnatale rapporte le nombre d’enfants nés sans vie et d’enfants décédés au cours des 7 premiers jours [de leur vie] au nombre total d’enfants nés (morts ou vivants) à partir de 22 semaines d’aménorrhée (SA). Autrement dit, il englobe des données de mortinatalité (qui concerne les enfants mort-nés) et de mortalité néonatale précoce (relative aux enfants nés vivants mais décédés au cours de leur première semaine de vie).
Alors qu’au début des années 2000, il incombait encore à l’Insee de suivre la mortinatalité à partir de données d’état civil, c’est désormais la DREES qui produit ces statistiques et est donc intégralement chargée de la surveillance de la mortalité périnatale. Et ce, à partir de données hospitalières – « des résumés de sortie anonymisés (RSA) enregistrés pour chaque séjour hospitalier dans le cadre du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) », précise la DREES – dont la qualité peut être considérée comme satisfaisante depuis 2014.
Le taux de mortalité périnatale demeure au-dessus de 10 ‰
Ce que montrent ces données hospitalières, c’est que le taux de mortalité périnatale peine à passer sous la barre des 10 naissances pour 1 000. En effet, en 2019, cet indicateur s’élevait encore à 10,2 ‰. Et s’il apparaissait plus élevé encore les années précédentes, de 10,4 ‰ en 2018 et même de 10,6 ‰ en 2017, il est trop tôt pour conclure à une réelle chute de la mortalité périnatale sur la période. De fait, le taux de mortalité périnatale était déjà de 10,3 ‰ en 2014, et le chiffre de 2019 avait déjà été atteint en 2001. « Malgré les changements […] de sources, la mortalité périnatale évolue peu », insiste ainsi la DREES.
De plus, d’autres invariants demeurent. Ainsi la mortinatalité reste-t-elle la principale composante de la mortalité périnatale, puisqu’elle continue d'y contribuer à plus de 80 %. Par ailleurs, les facteurs de risque restent l’âge gestationnel (les prématurés sont très à risque), le nombre de fœtus (les grossesses multiples sont les plus concernées) ainsi que l’âge de la mère (les femmes de moins de 20 ans et de plus de 40 ans demeurent les plus touchées).
La mortinatalité en baisse…
Cependant, cette dynamique globale de stagnation cache tout de même des changements.
Car la mortinatalité, elle, semble en légère baisse : après quatre années fixé autour de 9 décès pour 1 000 naissances totales, le taux de mortinatalité est passé à 8,5 ‰ en 2019.
Un recul « essentiellement dû à la mortalité induite », autrement dit aux interruptions médicales de grossesse (IMG), explique la DREES. En effet, alors que la mortinatalité spontanée est restée quasi constante, celle due aux IMG est passée de 3,6 ‰ en 2016 à 3,3 ‰ en 2019. À l’origine de ce phénomène, une augmentation du nombre de femmes ayant choisi de poursuivre leur grossesse avec une pathologie grave du fœtus et de ne pas recourir à une IMG. « Leur nombre passe de 1 189 en 2014 à 1 587 en 2018 », indique l'agence, sans plus de précisions sur les raisons de cette tendance.
… mais la mortalité néonatale précoce en hausse
Corollaire, puisque la mortalité périnatale reste stable : la mortalité natale précoce tend à augmenter légèrement – le taux d’enfants nés vivant mais décédés dans leur première semaine de vie étant passé d’1,5 pour 1 000 naissances vivantes en 2014 à 1,7 pour 1000 naissances vivantes en 2019.
Une évolution qui concerne notamment des enfants nés à des âges gestationnels de plus en plus faibles. « Depuis 2014, la part des décès néonatals précoces aux âges gestationnels très faibles a augmenté », souligne la DREES. De fait, en 2014, seuls 18 % des enfants morts dans leur première semaine de vie étaient nés à moins de 24 semaines d’aménorrhée (SA), contre 19 % en 2016, et même 20 % en 2019.
Parallèlement à ce "rajeunissement" des décès néonatals précoces, la DREES note une concentration de ces morts dans les premières heures de vie, près de la moitié des enfants concernés en 2019 ayant été emportés en moins de 24 heures.
Si le recul des IMG est sans doute en partie à l'origine de cette augmentation de la mortalité néonatale précoce, un autre phénomène pourrait aussi expliquer cette tendance à la concentration des décès sur le premier jour de vie à de très faibles âges gestationnels : la prise en charge de plus en plus fréquente d’enfants extrêmement prématurés. « Les progrès médicaux permettent d’envisager la prise en charge d’enfants extrêmement prématurés (avant 24 SA parfois). Cependant, lorsque le pronostic apparaît trop défavorable, la réanimation active n’est pas poursuivie et des soins palliatifs et d’accompagnement peuvent être mis en place dès la salle de naissance », explique la DREES.
La France en mauvaise position
Quoi qu’il en soit, la France reste mauvaise position en matière de mortalité périnatale par rapport aux autres États d’Europe. « En 2015, dernière année disponible en comparaison européenne, la France se classait au 20e rang sur 33 pays pour la mortinatalité spontanée à partir de 28 semaines d’aménorrhée (indicateur utilisé pour les comparaisons internationales) », déplore la DREES.
En cause : « l’augmentation continue de l’âge des mères, la part de femmes fumeuses pendant la grossesse […], l’augmentation de la part de femmes en surpoids ou obèses, [ou encore] l’évolution des pratiques médicales et sociétales », et la mauvaise situation des territoires d'Outre-mer (où le taux de mortalité périnatale atteint 13,4 enfants pour 1 000 naissances totales), énumère l’agence.
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