Alors qu’il y a en France 15 millions d’hypertendus dont 5 millions ne sont pas diagnostiqués, le dépistage de l’hypertension artérielle constitue un enjeu important, comme l’a rappelé la Ligue mondiale contre l’hypertension à l’occasion de la journée mondiale de l’HTA du 17 mai.
Sur ce point, la donne évolue grâce à la démocratisation des tensiomètres automatiques, qui rend possible l’autodépistage (trois mesures à une minute d’intervalle, en position assise, la moyenne des deux dernières définissant la tension du sujet). La Fondation de recherche sur l’HTA (FRHTA) a par ailleurs développé l’application depistHTA afin d’accompagner les patients dans leur autodépistage. « Cet outil digital devrait faire progresser le dépistage de l’HTA », espère le Pr Xavier Girerd, président de la FRHTA.
En France, l’autodépistage a été réalisé dans le cadre de l’enquête FLAHS 2020, chez des sujets de plus de 35 ans vivant en France métropolitaine. Les résultats, présentés en avril au congrès de la Société européenne d’hypertension, indiquent que 34 % de la population générale a une tension supérieure à 135/85 mmHg après la réalisation d’un autodépistage.
Cependant, comme il n’évite pas l’« effet blouse blanche », l’autodépistage ne permet pas de s’affranchir totalement d’un diagnostic plus poussé et impose, en particulier avant de débuter un traitement antihypertenseur, de réaliser une MAPA ou une automesure selon le « protocole de la règle de 3 » (trois mesures le matin, trois mesures le soir, pendant trois jours) afin d’éliminer d’éventuels « faux positifs ». Dans FLAHS 2020, si les mêmes sujets prolongent leur surveillance pendant trois jours et effectuent une automesure, la prévalence d’une tension élevée tombe alors à 28 %.
L’hypertension, première cause de décès au niveau mondial
Dans les recommandations américaines parues fin avril 2021 (US Preventive Services Task Force), le dépistage de l’hypertension artérielle débute à 40 ans, avec une mesure annuelle. En France, les spécialistes de l’HTA considèrent « que le dépistage doit se faire dès 30 ans en population générale et même dès 20 ans chez les sujets ayant un facteur de risque (prise de poids, consommation excessive d’aliments avec du sel caché, antécédents familiaux d’hypertension) », rappelle le Pr Girerd.
Par ailleurs, la récente prise de position américaine, en accord avec la majorité des sociétés savantes, réaffirme le bénéfice de dépister l’hypertension, « facteur de risque majeur d’insuffisance cardiaque, d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral et d’insuffisance rénale chronique ». L’HTA est même passée en position n° 1 des causes de décès au niveau mondial en 2019. Le bénéfice du dépistage n’est donc plus un sujet, même si « on manque des données probantes de niveau de confiance très élevé pouvant nous dire si les stratégies de dépistage de masse, ciblées ou opportunistes, sont efficaces pour réduire la maladie et la mortalité associées à l’hypertension », soulignait une revue Cochrane en 2020, tout en reconnaissant qu’une « détection précoce, un traitement adéquat et un bon contrôle de l’hypertension artérielle peuvent réduire le risque de complications associées à l’hypertension ».
Il est vrai que le bénéfice du dépistage de l’HTA est lié à celui de sa prise en charge. Et le constat est que l’amélioration de la prise en charge passe aussi par une meilleure évaluation de la tension : « deux tiers des hypertendus traités sont à l’objectif, constate le Pr Girerd, mais pour le tiers restant non contrôlé, l’usage des tensiomètres automatiques pourrait aider le médecin à ajuster au mieux les traitements antihypertenseurs ». À cette intention, la FRHTA met également à disposition des médecins et des patients l’application suiviHTA pour optimiser l’automesure.
Les auto-tensiomètres « sans brassard » dans les starting-blocks
Les tensiomètres automatiques, désormais très fiables et d’un coût accessible, sont en train de transformer la façon de dépister, de confirmer et même de suivre les sujets avec une HTA. L’usage d’un tensiomètre automatique est recommandé pour la mesure de la tension par les professionnels de santé mais aussi par les patients pour évaluer leur tension en dehors de l’environnement médical. « Mais nous sommes à l’aube d’un changement encore plus important car les tensiomètres "sans brassard" sont maintenant au point, souligne le Pr Girerd. Depuis mai 2021, un bracelet-montre qui utilise un capteur optique positionné sur le poignet, et connecté au smartphone du sujet, permet d’enregistrer la tension de façon parfaitement fiable et sans contrainte ».
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