La halte soins addictions (HSA) n’ouvrira pas ses portes au 110 boulevard de la Libération (4e) à Marseille, a-t-on appris mercredi soir, 17 janvier, par La Provence. Ce soir-là, Michèle Rubirola, première adjointe au maire en charge de la santé, a réuni le comité de pilotage (Copil) de la HSA. Celui-ci comprend la préfecture, l’agence régionale de santé (ARS), la ville, le tribunal judiciaire et les hôpitaux universitaires de Marseille (AP-HM) ainsi que l’association Asud Mars Say Yeah, porteuse du projet, qui avait été validé par l’ensemble des structures marseillaises de réduction des risques.
« Je prends acte que la localisation de ce dispositif de santé publique ne fait plus consensus au sein du Copil et suspends donc ce projet sur ce lieu », a-t-elle déclaré dans un communiqué, publié sur son compte X (ex-Twitter). « Je regrette une instrumentalisation politique de ce dispositif médico-social », a souligné la médecin généraliste. « Ma boussole est toujours la même : prendre en charge les plus vulnérables. C’est le combat de la vie, bien avant d’être élue. C’est aussi le respect d’une promesse de campagne fondatrice du Printemps Marseillais », a conclu Michèle Rubirola, élue en 2020 à la tête d’une coalition de gauche dans la deuxième ville de France et qui avait, six mois après, cédé sa place de maire à Benoît Payan, ex-premier adjoint socialiste.
Un dossier sur la table depuis 30 ans
Sollicités par Le Quotidien, les hôpitaux universitaires de Marseille (AP-HM) renvoient vers la ville qui « a porté le sujet ». Le directeur de l’association Asud Mars Say Yeah ne souhaite pas s’exprimer « pour l’instant ». Une semaine plutôt, le maire de Marseille Benoît Payan avait déclaré sur BFM Marseille Provence : « Si ce n’est pas le 110, ce sera ailleurs », laissant présager l’échec de cette nouvelle tentative, avortée comme les précédentes puisque le dossier est sur la table depuis trente ans. « Je ne laisserai pas des toxicomanes dans la rue », avait toutefois insisté l’élu divers gauche.
Le lieu d’implantation avait été validé par le Copil au début du mois d’octobre. Celui-ci attendait l’arrêté du ministère de la Santé pour une ouverture en 2024. Depuis, trois ministres de la Santé se sont succédé. Surtout, le projet s’est heurté à la forte mobilisation de riverains, réunis autour du collectif Citoyens Enfants Libération. Depuis l’automne, des habitants du quartier, farouchement opposés à l’ouverture de cette « salle de shoot » selon leurs termes, manifestent quasiment chaque semaine et trouvent un large écho dans la presse locale. Parmi eux, des électeurs de Michèle Rubirola qui a remporté ce secteur haut la main.
Des centaines de personnes sans lieu d’accueil
À ce jour, leur pétition a réuni plus de 11 000 signatures. Sur son compte X, le collectif de riverains a remercié ses soutiens, parmi lesquels l’ancien maire des 4e et 5e arrondissements et conseiller municipal d’opposition, Bruno Gilles. Sur le même réseau social, Martine Vassal, présidente divers droite de la métropole Aix-Marseille-Provence et du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, a réagi ainsi : « Je me réjouis que notre voix ait été entendue. Une victoire pour le quartier et pour les habitants ! ».
Les deux premières réunions publiques, le 11 et 13 décembre, organisées sur place, avaient réuni chacune plus de 150 personnes, dans une ambiance électrique et une salle coupée en deux, les « pour » d’un côté, les « contre » de l’autre. Et ce, en présence de l’ensemble des membres du Copil, parfois déstabilisés par la virulence de participants, avec en renfort le premier soir, le directeur général de l’AP-HM, François Crémieux, venu animer les débats pendant près de deux heures. L’association Asud Mars Say Yeah estime à 400 personnes, le nombre accueilli au sein de la future halte soins addictions, si tant est que celle-ci arrive à voir le jour. À présent, elle doit se mettre en quête d’un nouveau lieu.
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