Alors qu’une nouvelle campagne du Mois sans tabac commence, le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) propose de s’intéresser aux résultats d’une enquête dans les Hauts-de-France sur la consommation de tabac et le vapotage chez les personnes en situation de handicap intellectuel (HI). Les auteurs rapportent ainsi que près d’un quart (23,5 %) des personnes en situation de HI interrogées déclare fumer et que 8,6 % vapotent.
L’étude fait également état que ces personnes « (adoptent), tout autant que la population générale, des stratégies opportunes de contournement des politiques publiques d’augmentation des prix ». Cette enquête met en évidence la nécessaire inclusivité de ces publics dans les campagnes de prévention du tabagisme et dans les interventions et appelle à améliorer l’intelligibilité des messages et outils.
Comportement vis-à-vis des produits du tabac
Le sondage a été réalisé entre septembre 2022 et avril 2023 auprès de 1 030 personnes en situation de HI vivant dans la région des Hauts-de-France, via une traduction facile à lire et à comprendre (Falc) des items traitant du tabac et du vapotage du questionnaire du Baromètre de Santé publique France.
Il révèle que 23,5 % des interrogés déclarent fumer, dont 19,6 % quotidiennement, et que 8,6 % vapotent (4,9 % quotidiennement). Si la prévalence tabagique de cette population est proche de celle de la population générale (24,5 % en 2022), elle reste plus faible (écart de sept points) que celle de la population générale non ou peu diplômée ; et la prévalence du vapotage est également similaire à celle de la population générale. Au global, 18,2 % fument et vapotent en même temps.
Parmi les fumeurs quotidiens, la consommation est de 12,4 cigarettes par jour en moyenne (12,4 en population générale) et parmi les vapoteurs, 55,7 % déclarent que leur e-liquide contient de la nicotine. Les hommes sont plus nombreux que les femmes à utiliser des produits du tabac (22,9 versus 14,5 % pour le tabac et 10,5 versus 5,6 % pour le vapotage) et fument davantage (13,6 cigarettes par jour en moyenne contre 9,5). La tranche d’âge des 41-55 ans a la plus grande consommation de tabac, et celles des 15-25 et 26-40 ans vapotent le plus.
Impact des campagnes de prévention
Les fumeurs déclarent à 42,6 % souhaiter arrêter de fumer, mais les vapoteurs ne sont que 20,7 % à souhaiter arrêter de vapoter. Au global, 45 % ont déclaré connaître le Mois sans tabac, notamment via la télévision, mais parmi 112 répondants interrogés sur l’arrêt du tabac seulement une personne s’y était engagée via internet et seulement quatre ont tenté un arrêt. Si la connaissance de cette campagne « semble plutôt élevée » selon les auteurs, ces personnes « ne semblent pas touchées par les campagnes de prévention destinées à la population générale ». Elles sont également moins fréquemment usagères d’outils de réduction des risques du tabagisme.
Pour les auteurs, ces résultats plaident pour « une plus grande inclusivité des populations concernées à ces programmes de prévention fondés sur le marketing social », « une inclusion des personnes en situation de handicap intellectuel dans l’imagerie des campagnes » et « une intelligibilité accrue de ces dernières » et « une augmentation du pouvoir d’agir, de l’autonomisation de personnes concernées ».
Mois sans tabac : sept euros économisés pour un euro investi
Le bulletin épidémiologique hebdomadaire a évalué dans un second article les bénéfices apportés par la campagne Mois sans tabac d’ici à 2050. Selon leurs projections, la campagne permettrait d’éviter 241 000 infections respiratoires basses, 28 000 cancers imputables au tabac et 8 000 démences. La campagne permettrait aussi d’économiser 94 millions d’euros par an en dépenses de santé et de gagner 85 millions d’euros de productivité du travail. Le Mois sans tabac est une mesure coût-efficace qui permet d’économiser sept euros pour un euro investi.
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