Le tableau est contrasté sur le front du paludisme. Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de recommander un second vaccin pour les enfants, le R21/Matrix-M du Serum Institute of India, des chercheurs alertent sur la menace qui pèse sur la prise en charge des malades dans la Corne de l'Afrique. En cause : l'émergence de parasites présentant une résistance à l’artémisinine et des modifications de leur génome, ce qui empêche leur détection par les tests de diagnostic rapide.
L'étude publiée le 28 septembre 2023 dans The New England Journal of Medicine, apporte les preuves d’une zone de résistance à l’artémisinine en Érythrée, phénomène plus inquiétant que celui observé depuis 2008 au Rwanda ou en Ouganda, où se propage un nouveau variant (Pfkelch13 622I), résistant à l’artémisinine.
Parasites non détectés par les tests de diagnostic rapide
Les chercheurs du laboratoire de parasitologie et de mycologie médicale de l’Université de Strasbourg et des hôpitaux universitaires de Strasbourg, en collaboration avec le ministère de la Santé en Érythrée, l’Institut Pasteur, la Columbia University à New York et l’OMS, se sont appuyés sur des études cliniques menées entre 2016 et 2019 en Érythrée.
L'objectif était triple : évaluer l'efficacité de deux traitements à base d'artémisinine dits ACT (artésunate-amodiaquine et artéméther-luméfantrine), estimer la proportion de patients présentant une parasitémie persistante à P. falciparum au jour 3, soit le lendemain de la dernière dose de l’ACT, et détecter des signatures moléculaires au sein du gène Pfkelch13 associées à la résistance des parasites à l'artémisinine ainsi que des délétions des gènes HRP2 et HRP3 connues pour rendre inopérante la détection des parasites par les tests de diagnostic rapide.
Ces nouveaux travaux montrent que les souches parasitaires résistantes (portant une mutationdu gène Pfkelch13) circulent de plus en plus dans l'ouest de l'Erythrée et présentent une proportion non négligeable (environ 17 %) de délétions des gènes HRP2 et HRP3, qui les rendent non détectables.
« Ces nouvelles données sont très inquiétantes et mettent à mal la qualité de la prise en charge des patients atteints de paludisme dans cette région », alerte le Dr Selam Mihreteab, collaborateur au programme national de lutte contre le paludisme en Érythrée. « Dans la Corne de l’Afrique, les stratégies de lutte mises en place sont toutes menacées, non seulement par les parasites résistants non détectés par les tests rapides, mais également par la capacité des vecteurs du paludisme à résister aux insecticides et la récente implantation d’une nouvelle espèce de moustique - Anopheles stephensi - capable de transmettre ces souches en milieu urbain », analyse le Pr Didier Ménard, directeur de l’Institut de parasitologie et de pathologie tropicale à l’Université de Strasbourg et chercheur à l’Institut Pasteur.
Le paludisme représente un problème majeur de santé publique dans le monde. Plasmodium falciparum, responsable des formes graves, sévit principalement en Afrique subsaharienne, où un enfant meurt du paludisme toutes les deux minutes. En 2021, ont été enregistrés 247 millions de cas et 619 000 décès, soit une augmentation de 6,4 % par rapport à l’année 2019.
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
L’orchestre symphonique des médecins de France donne un concert « émouvant » en hommage aux victimes du cancer du sein