Quelles leçons tirer de la crise ?
Notre pays n'était pas préparé à affronter cette crise sanitaire notamment du point de vue d'un pharmacien, comme l'illustre l'indisponibilité d'un certain nombre de médicaments. L'Académie nationale de pharmacie avait lancé dès 2011 une alerte sur la rupture d'approvisionnement de certains principes actifs. On avait informé de nouveau en 2013 avant notre rapport sur ce sujet de plus de 100 pages en 2018. Ce Sras-Covid-2 a constitué le crash- test. Avant le coronavirus, les antibiotiques, les corticoïdes, les anticancéreux étaient les classes pharmaceutiques les plus concernées sans oublier certains vaccins. Puis avec cette crise à cause d'annonces prématurées, on a connu des pertes de chances pour certains patients avec des ruptures dans des officines avec l'hydroxychloroquine. Le paracétamol a ensuite manqué, suivi du rivotril, du tranxène et surtout le curare. Le manque d'autonomie sanitaire est pour le moins visible.
Quelles doivent être les réponses ?
Elles seront complexes à mettre en œuvre. Car les causes sont à la fois économiques et réglementaires. Du fait du coût de la boîte de paracétamol [1,16 euros], il est difficile de produire en France ou sur le territoire européen toute la chaîne du médicament. Les médicaments concernés par ces ruptures de stocks sont tous des anciens produits, de petite molécule, d'origine chimique et peu chers. A cet égard, on a oublié l'importance de la chimie dans l'arsenal thérapeutique. Autre problème, on note un différentiel de prix entre les pays européens. Si l'on relocalise au niveau européen, le coût en sera majeur en raison des contraintes réglementaires, environnementales, si l'on prend l'exemple des bonnes pratiques de fabrication, le volume de ces normes en moins de dix ans est passé de moins de 50 pages à 300 pages.
En ce qui concerne les génériques, la France en a adopté le principe bien plus tard que d'autres pays. Les big pharma anglo-saxonnes ont donc pris de l'avances. Et ont sous-traité leur production en Chine et en Inde. Lorsqu'est venu le tour des entreprises françaises, elles se sont alignées sur ce modèle. Ces sous-traitants assurent la production pour le monde entier. En cas de défaillance de l'une d'entre elles, la conséquence en est mondiale. Ce qui complique encore la situation, c'est le processus de mondialisation au cœur de la synthèse chimique d'un médicament. Le principe actif produit dans une usine A est envoyé dans une autre usine B avant d'être adressé ailleurs pour une autre phase de production.
Il faut donc trouver un dispositif afin que les petits médicaments chimiques soient produits à un coût raisonnable pour les industriels et donc augmenter les prix. La décision ne peut être prise qu'au niveau européen. Enfin, la France paye avec cette crise le processus de sa désindustrialisation.
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