Près de la moitié (47 %) des Français interrogés déclarent craindre une infection nosocomiale dans un établissement de santé, selon une enquête menée par BVA pour la biotech Germitec, spécialisée dans la désinfection des dispositifs médicaux par le rayonnement ultraviolet (UV-C). Du côté des praticiens, 37 % d'entre eux pensent que leurs patients craignent ce risque.
Menée auprès de 2 000 personnes et 105 médecins pratiquant des échographies endocavitaires (gynécologues, cardiologues, hygiénistes, radiologues, etc.), cette enquête propose un regard croisé entre la population et les médecins, alors que le nombre d’infections nosocomiales contractées lors d’un séjour à l’hôpital tend à rester stable. Selon Santé publique France (SPF), en 2012, un patient hospitalisé sur 18 a été concerné, une prévalence en hausse de 14,7 % entre 2017 et 2022, en partie à cause du Sars-CoV-2 qui représente la moitié de cette augmentation. En excluant ces infections, « la prévalence des patients infectés était de 5,35 %, relativement stable par rapport à celle estimée en 2017 (4,98 %) », précise SPF.
Dans l’enquête BVA menée au printemps et présentée le 14 juin, 4 % des personnes interrogées déclarent avoir contracté une infection nosocomiale dans un établissement de santé. La majorité (86 %) disent connaître ce risque : 56 % d'entre elles en ont été informées via les médias, 22 % par un professionnel de santé. Mais seulement la moitié se sentent bien informées. La plupart (64 %) se révèlent par exemple incapables de citer une méthode de désinfection des sondes d’échographie. Sensibles au risque, près de la moitié des personnes interrogées se disent prêtes à interroger les professionnels sur leurs pratiques : 47 % sont prêtes à demander au médecin si le matériel utilisé pour l’examen a bien été désinfecté et 45 % oseraient également le questionner sur le lavage des mains.
Une sous-estimation du risque par les médecins
Côté médecins, un tiers des spécialistes interrogés (32 %) méconnaissent les recommandations en vigueur définissant les quatre étapes de désinfection d’une sonde d’échographie. Et la plupart évaluent comme faible le risque d’infection nosocomiale avec une sonde : la moyenne est établie à 3,8/10, une majorité de répondants (61 %) donnant une note de 0 à 4.
« Les médecins sous-estiment les risques de maladie nosocomiale », a jugé le Pr Israël Nisand, chef de la maternité de l'Hôpital Américain à Neuilly-sur-Seine, lors d’un point presse de présentation de l’étude. En gynécologie, « la contamination la plus inquiétante est la contamination par l'HPV. Il est difficile de s’en protéger, et il nous faut étudier précisément l'aspect nosocomial lié à ce virus. Aucune étude n’est publiée pour l'instant », ce qui contribue à la sous-estimation du risque, poursuit-il, s'inquiétant d'une incrimination des pratiques, voire de plaintes de patients.
Selon lui, la transparence sur les pratiques doit permettre de rassurer les patientes. « Il est indispensable que les médecins prennent des précautions qui soient visibles par la patiente. Ils doivent passer à des méthodes de désinfection plus efficaces, plus rapides et plus efficaces permettant une vraie traçabilité », juge l’ancien président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Un levier passe par la formation des enseignants, dont « les étudiants reproduisent les gestes » : ils doivent intégrer la désinfection comme « partie intégrante de l’examen », estime-t-il.
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