Le risque de méningiome, déjà détecté avec certains progestatifs comme Androcur ou Lutéran, existe aussi avec d'autres médicaments de cette classe, montre une vaste étude du groupement EPI-Phare publiée ce 26 juin par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en s'appuyant sur les données de l'Assurance-maladie.
Toutefois, le risque de méningiome - la forme de tumeur du cerveau la plus courante à partir de 35 ans - n'est pas généralisé à l'ensemble des progestatifs et ne concerne pas les stérilets hormonaux.
Promégestone, médrogestone, acétate de médroxyprogestérone
Cette étude rétrospective menée chez plus de 18 000 femmes opérées d’un méningiome et plus de 90 000 femmes témoins entre 2009 et 2018 montre que l’utilisation prolongée de médrogestone (Colprone 5 mg), de promégestone (Surgestone 0,5 mg) ou d’acétate de médroxyprogestérone (Depo Provera 150 mg/3 ml) est associée à un surrisque de méningiome. Les deux derniers sont peu prescrits (comme pour la médroxyprogestérone) ou ne sont plus (la promégestone a perdu son autorisaiton de mise sur le marché en octobre 2021). En revanche, la médrogestone (Colprone) est actuellement donnée à plusieurs dizaines de milliers de patientes.
Le risque est augmenté lorsque la durée d’utilisation de ces médicaments dépasse un an, comme c’est le cas (mais encore plus fortement) avec les acétates de chlormadinone (Lutéran et génériques, risque x 5,5), de nomégestrol (Lutényl et génériques, risque x 7,5) et de cyprotérone (Androcur et génériques, risque x 24,5). Ce surrisque est multiplié par 2,5 pour la promégestone, de 4,1 pour la médrogestone, et de 5,6 avec l'acétate de médroxyprogestérone.
« Il y a trois nouveaux produits pour lesquels notre étude retrouve un "surrisque" significatif de méningiome, mais un ensemble d'autres produits pour lesquels on conclut qu'il n'y en a pas », a résumé à l'AFP Alain Weill, qui a supervisé cette étude.
Pas de surrisque pour d'autres traitements très prescrits
Ainsi, les résultats avec les DIU au lévonorgestrel 13,5 et 52 mg, contraceptifs probablement utilisés par plus de 500 000 femmes en France, ne montrent pas non plus de surrisque de méningiome. De même, l’exposition à la progestérone (par voie orale, intravaginale et cutanée) (Utrogestan et génériques) et à la dydrogestérone (Duphaston, Climaston) n’a pas été associée significativement à un surrisque de chirurgie de méningiome intracrânien.
L'ANSM précise que des études complémentaires sur le diénogest (Visanne et génériques), remboursé depuis 2020, sont à envisager.
Vers de nouvelles recommandations ?
En mars déjà, sur la base de signalements de pharmacovigilance de méningiomes associés à d’autres progestatifs (médrogestone, progestérone 100 ou 200 mg, dydrogestérone et diénogest) et dans l’attente des résultats d’EPI-Phare, l'ANSM avait émis de premières recommandations. Les experts avaient considéré qu’un effet « classe » des progestatifs sur le risque de méningiomes ne pouvait être exclu au regard de la stabilisation ou la régression tumorale à l’arrêt du traitement.
Une nouvelle réunion du comité scientifique temporaire (CST) portant sur les progestatifs est prévue le 28 juin 2023 afin de déterminer quelles mesures de protection des femmes doivent être prises concernant ces trois progestatifs (promégestone, médrogestone, médroxyprogestérone) afin de réduire le risque de méningiome associé.
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