Le suicide du Pr Jean-Louis Megnien qui s’est défenestré avant les fêtes de fin d’année provoque un électrochoc au sein de la communauté médicale de l’Assistance-publique Hôpitaux de Paris. Les obsèques se sont déroulées ce mercredi 6 janvier. Le professeur Philippe Touraine, frère de la ministre, a prononcé l’éloge funèbre. Cette mort brutale signe-t-elle aussi la mutation de l’hôpital en entreprise comme les autres avec son cortège de souffrances au travail, de risques psychosociaux et donc de passages à l’acte ? Les attentats du 13 novembre avaient soudé une communauté célébrée dans les médias pour son engagement et sa solidarité. Un mois plus tard, réapparaissent les soupçons, les rumeurs avec une nouvelle fois la vitrine de l’AP-HP, l’hôpital européen Georges-Pompidou mise en accusation, les affaires se succédant aux affaires. Ici, cette disparition est d’autant plus douloureuse que le risque suicidaire était connu de tous. Dans une lettre adressée le 23 décembre à Martin Hirsch, le Pr Bernard Granger rappelle l’envoi d’un courriel envoyé le 27 novembre 2014 par un chirurgien à la directrice de l’HEGP. Le risque est explicitement mentionné. Rien ne se passe. Dans un message envoyé le 24 décembre 2015, le Pr Loïc Capron, président de la CME, rappelle la tenue de réunions de conciliation menée notamment par le Pr Béatrice Crickx qui se sont là encore soldées par un échec.
Au-delà de la recherche des causes du drame, la gestion de l’affaire est au cœur d’une nouvelle polémique. La direction générale de l’AP-HP a en effet lancé une enquête administrative et en a désigné les membres, à savoir deux médecins, les Prs Didier Houssin et Patrick Hardy et une ancienne directrice d’ARS, Marie-Sophie Dessaule. Or, deux de ces membres, le Pr Didier Houssin et Marie-Sophie Dessaule sont suspectés d’avoir des liens avec deux des protagonistes de ce drame, la directrice de l’HEGP, Anne Costa et le Pr Alain Simon, supérieur hiérarchique avant son départ à la retraite du Pr Megnien. La totale impartialité ne serait pas assurée. L’intersyndicale Avenir hospitalier dans un communiqué de presse publié le 5 janvier attend davantage d’informations de la justice saisie par la veuve du Pr Megnien que de la commission qualifiée de locale. Afin d’écarter tout soupçon, pourquoi ne pas avoir confié cette mission à l’Igas ? Avenue Victoria, on invoque les délais trop longs qui auraient retardé la publication des conclusions. D’autant que Marisol Touraine exige des premiers éléments d’information pour le 15 janvier prochain.
En attendant, un directoire exceptionnel de l’AP-HP a annoncé le 4 janvier un train de mesures en matière de prévention des risques mais aussi de traitement des situations de conflit.
Ce plan aurait-il permis de sauver le Pr Megnien dont la souffrance était connue de tous ?
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