Pour améliorer la surveillance vectorielle en France et la détection d'arboviroses, les chercheurs de l'Institut de recherche biomédicale des armées (Irba) et du service de santé des armées ont mis au point un piège à moustiques d'un nouveau genre. Plus efficace, il permet de rechercher les virus là où ils sont les plus repérables, c'est-à-dire dans les selles des agressifs diptères.
Depuis le début du XXIe siècle, « il y a une véritable accélération du nombre d'arboviroses auxquelles nous sommes exposés en France », explique le Dr Jean-Nicolas Tournier, médecin et chercheur à l'Institut de recherche biomédicale des armées (Irba). Alors que le XXe siècle a surtout vu émerger des virus grippaux comme celui de la grippe espagnole ou le H3N2 (grippe de Hong Kong), on assiste désormais à une diversification des émergences, dont des virus transmis par les moustiques tels que le chikungunya et le Zika. Parallèlement, les aires de répartition des vecteurs de maladies plus anciennes comme la dengue ou le paludisme se sont étendues.
« Ces maladies ont un impact opérationnel sur les armées », explique Jean-Nicolas Tournier, dont l'équipe se concentre sur la détection des arbovirus. Une tâche compliquée car il s'agit de maladies très souvent asymptomatiques (ce qui rend la recherche chez l'homme aléatoire) et difficile à débusquer dans les réservoirs animaux. La solution privilégiée est donc de rechercher les virus dans les moustiques capturés. Seulement voilà : « autant chercher une aiguille dans une botte de foin, résume Jean-Nicolas Tournier. Seules les femelles piquent et sont infectées, ce qui rend inutile 50 % des moustiques capturés. Par ailleurs, la recherche de virus dans le moustique même a un rendement très faible. »
Les chercheurs ont trouvé une parade avec le piège à moustique MX, imprimable en 3 dimensions (il est donc possible d'en fabriquer un grand nombre rapidement en cas de crise majeure), capable de capturer les moustiques et de les conserver en vie plusieurs jours, le temps qu'ils… défèquent abondamment. Car si les arbovirus sont difficiles à détecter dans le sang ou le système digestif de ces insectes, il est présent de manière beaucoup plus concentrée dans leurs selles.
Le gîte et le couvert
Surmonté d'une sorte d'entonnoir en tissu et déposé sur une source de CO2 chargée d'attirer les moustiques, le piège se présente sous la forme d'un cylindre dans lequel les moustiques entrent avant de rester bloqués dans une moustiquaire. Là, il dispose d'une petite mangeoire contenant de l'eau sucrée tandis que le fond amovible du piège est tapissé d'un petit buvard chargé de collecter les selles. Simple, mais il fallait y penser.
Ce dispositif a été testé à petite échelle au Mali, en Camargue (les chercheurs avaient alors publié une évaluation du dispositif) et à Djibouti avant son premier véritable baptême du feu en Gironde en juillet 2023. Le service de santé des armées avait été sollicité par l'agence régionale de santé, confrontée à une épidémie d'infections par le virus West Nile. La campagne de capture utilisant le piège MX a conclu à un taux positivité des moustiques de 75 %. Il a également été possible d'extraire du virus vivant et d'en séquencer le génome. Des tests de virulence sont également prévus.
Déployé depuis en Gironde, Charente-Maritime et en Paca, le MX a permis de détecter précocement la présence sur ces territoires de virus West Nile, de dengue et même du virus d'Usutu, rarement pathogène pour l'homme mais responsable d'une forte surmortalité chez les oiseaux. « Ce piège nous permet vraiment d'avoir un temps d'avance sur les maladies à arbovirus », se réjouit Jean-Nicolas Tournier.
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