Malgré le deuxième programme national de lutte contre le tabac (2018-2022), la prévalence du tabagisme n’a toujours pas baissé en 2022. C’est ce que constate Santé publique France (SPF) dans son dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié ce 31 mai à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac.
Comme le rappelle SPF, « après une baisse du tabagisme quotidien d’ampleur inédite observée en France parmi les adultes entre 2016 et 2019 (de 29,4 % à 24,0 % en métropole), la prévalence s’était déjà stabilisée entre 2019 et 2021 (25,3 %) ». Et dans certains publics, le tabagisme paraissait même se renforcer, avec « une augmentation de la prévalence du tabagisme quotidien parmi le tiers de la population dont les revenus étaient les moins élevés » ou « parmi les personnes n’ayant aucun diplôme ».
Des tendances que confirme l’enquête téléphonique menée par Santé publique France entre mars et juillet 2022 et à laquelle ont répondu 52 % des plus de 3 200 adultes de 18 à 75 ans sollicités. Ont aussi été analysées des données recueillies dans le cadre du dispositif Escapad – qui a permis d’interroger « un échantillon aléatoire de 23 701 jeunes âgés de 17 ans participant à la journée défense et citoyenneté » notamment sur leur consommation de tabac.
Des tentatives d’arrêt moins fréquentes
Conclusion : « la stabilité de la prévalence tabagique observée depuis la crise liée à la Covid-19 se poursuit », résume le BEH. De fait, en 2022, environ 1/3 (31,8 %) des répondants ont déclaré fumer, et 1/4 (24,5 %) quotidiennement.
De plus, l’enquête confirme que « les inégalités sociales en matière de tabagisme restent très marquées ». Avec par exemple, « un écart de 14 points (…) entre les personnes n’ayant aucun diplôme ou un diplôme inférieur au baccalauréat (30,8 %) et les titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat (16,8 %) », voire de 16 points entre les actifs et les chômeurs – contre 12 points en 2018.
Par ailleurs, une nouvelle tendance inquiétante émerge : un recul des tentatives d’arrêt chez les fumeurs quotidiens – moins de 25 % ayant tenté de laisser tomber la cigarette au moins une semaine au cours de l’année écoulée. Un taux « en baisse (même) par rapport à 2021 », où il atteignait plutôt 30 %, insiste Santé publique France.
La crise sanitaire et l'inflation pointées du doigt
Aux yeux des auteurs, « un impact de la crise sanitaire, sociale et économique liée au Covid-19 ne peut être exclu » pour expliquer ces résultats. Car alors que la pandémie a affecté la santé mentale de la population, en particulier parmi les publics « les moins favorisés », la cigarette « peut être perçue comme un outil de gestion du stress et des difficultés du quotidien », rappelle Santé publique France.
En outre, l’agence évoque un potentiel rôle de l’inflation, qui a plutôt épargné le tabac. « Les prix (des cigarettes) n’ont que très faiblement augmenté en 2021 et 2022, ayant pour effet une baisse relative du prix du tabac par rapport aux autres produits de consommation. Or, l’augmentation des prix du tabac est une mesure efficace pour diminuer la prévalence du tabagisme. »
Quelques dynamiques plus rassurantes sont toutefois à souligner. Notamment, l’ « augmentation (de la prévalence du tabagisme) observée parmi les femmes entre 2019 et 2021 ne semble (…) pas se poursuivre ».
Les nouveaux produits nicotiniques en vogue
Et surtout, les progrès se poursuivent chez les jeunes, les indicateurs du tabagisme – au premier rang desquels l’initiation tabagique – ayant poursuivi leur baisse parmi les adolescents de 17 ans. Ainsi, « pour la première fois depuis la mise en place du dispositif Escapad, les jeunes n’ayant jamais expérimenté le tabac sont majoritaires (53,5 % ndlr) ».
Seuls bémols : des « différences sociales », et surtout « le développement parmi les jeunes générations d’une consommation de produits nicotiniques (sans tabac) comme la e-cigarette ou les puffs ». Si bien que « pour la première fois, l’expérimentation de la cigarette électronique est supérieure à celle du tabac », observe l’agence, qui s’interroge sur un éventuel « effet passerelle vers le tabagisme ».
Dans ce contexte, le ministre de la Santé, François Braun, s'est déclaré dimanche favorable à l'interdiction des puffs, « qui ne permettent en rien de sortir du tabagisme ». Le ministre de la santé envisagerait par ailleurs de taxer « tous les produits du tabac (y compris) le tabac à chauffer » et de faciliter l’accès aux « substituts nicotiniques avec (des) cigarettes électroniques ».
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