Un collectif d'associations comprenant Médecins du monde et la Fédération Addiction lance lundi une pétition sur la plateforme de l'Assemblée nationale demandant la suppression des sanctions pénales pour l'usage de drogues, déplorant « l'inefficacité de la politique répressive » en France.
« Il faut donner la priorité à la santé sur la répression », a déclaré à l'AFP Marie Öngün-Rombaldi, déléguée générale de la Fédération Addiction et membre du Collectif pour une nouvelle politique des drogues (CNPD), à l'origine de la pétition.
Selon cette responsable, les sanctions visant les consommateurs constituent « une entrave à l'accès au soin, à la prévention et à la réduction des risques » et symbolisent l'échec de la France en matière de politique des drogues.
Pragmatisme vs idéologie
« On est l'un des pays les plus répressifs au monde et l'un des plus gros consommateurs de cocaïne et de cannabis », précise-t-elle, plaidant le « pragmatisme » face à une position « morale et idéologique ».
Concrètement, la pétition prend la forme d'une proposition de loi « clef en main » proposant de supprimer les sanctions pour usage de drogues. La pétition est mise en ligne sur la plateforme de l'Assemblée, « petitions.assemblee-nationale.fr », à l'occasion de la Journée internationale contre l'abus et le trafic de drogues.
Ouverte à signature pour tous, elle pourra être confiée à l'une des huit commissions permanentes du Palais Bourbon si elle atteint les 100 000 signatures. Quand une pétition est signée par plus de 500 000 personnes issues de 30 départements au moins, elle peut ensuite faire l'objet d'un débat en séance publique.
Le CNPD dit souhaiter que le sujet « soit enfin mis à l'ordre du jour des agendas politiques en France », mettant en avant que « plusieurs pays ont mis en place des politiques de réduction des sanctions » aux résultats convaincants.
L'exemple le plus souvent cité est le Portugal, qui a dépénalisé l'usage de drogue en 2001 mais dont le taux de consommation reste un des plus bas d'Europe.
Le CNPD estime en outre que sa proposition permettrait de « désengorger les services de police et de justice » et de réinvestir dans la prévention et la santé 1,72 milliard d'euros.
Ce collectif regroupe une dizaine d'organisations parmi lesquelles Médecins du monde, ASUD (Autosupport des usagers de drogues), la Fédération Addiction ou encore le Syndicat de la magistrature.
Selon un sondage commandé en 2021 par le CNPD, 66 % des personnes interrogées estimaient que « la pénalisation pour usage n'est pas efficace » contre la consommation de drogue, et 82 % se disaient favorables à « l'organisation d'un débat sur la politique des drogues ».
(avec AFP)
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