Comirnaty pourrait bel et bien s’avérer moins efficace contre Omicron que contre les précédents variants du SARS-CoV-2. C’est ce que suggèrent de récentes annonces de Pfizer/BioNTech.
Dès sa découverte fin novembre en Afrique du Sud, Omicron a été identifié comme susceptible de résister à l’immunité adaptative naturelle et vaccinale. Et ce, non seulement sur la base de données génétiques (le variant présente sur sa protéine Spike un grand nombre de mutations dont certaines sont associées à un échappement immunitaire) mais aussi face à des informations épidémiologiques (des réinfections ont été observées en particulier en Afrique du Sud). Cependant, cette hypothèse restait à vérifier.
Dans ce contexte, Pfizer vient de communiquer les résultats de premiers tests de neutralisation conduits in vitro sur des sérums de sujets ayant reçu soit deux doses de Comirnaty, soit trois injections de ce vaccin.
Deux doses de moindre efficacité
Résultat : par rapport à la souche historique du SARS-CoV-2, Omicron réduit significativement la séroneutralisation provoquée par deux doses de Comirnaty. « Les sérums d'individus qui ont reçu deux doses du vaccin COVID-19 actuel ont présenté, en moyenne, une réduction d’un facteur supérieur à 25 des titres de neutralisation contre la variante Omicron », déplore le laboratoire. Ainsi, deux doses du vaccin Pfizer pourraient s’avérer insuffisantes pour prévenir l’infection par Omicron.
Des conclusions corroborées par deux études indépendantes, selon l’AFP. En effet, l’agence de presse cite d’abord une étude prépubliée conduite par l'Africa Health Research Institute (AHRI), qui décrit, chez une douzaine d’individus préalablement vaccinés par Comirnaty, un « effondrement du niveau d’anticorps efficaces contre Omicron ». De même, une équipe allemande aurait également conclu à une baisse d’efficacité du vaccin Moderna face au nouveau variant.
Un rappel permet de combler la perte d'efficacité - pas de la dépasser
Cependant, Pfizer se veut rassurant. Et ce, d’abord parce que la primo-vaccination à deux doses de Comirnaty pourrait rester efficace contre les formes graves de Covid-19. « La grande majorité (80 %) des épitopes ciblés par les lymphocytes T induits par le vaccin n’est pas affectée par les mutations dans Omicron », plaide en effet le laboratoire.
Mais surtout, la firme met en avant les performances du rappel, qui permettrait de rétablir l’efficacité neutralisante de Comirnaty. « Une dose de rappel du vaccin anti-Covid-19 actuel de Pfizer/BioNTech augmente les titres d’anticorps d’un facteur 25 », souligne le communiqué.
Au-delà de ces premières données - non relues par des pairs - concernant l'efficacité des vaccins contre Omicron, d’autres caractéristiques du variant commencent à se dessiner.
Une transmissibilité accrue ?
En matière de transmissibilité, Omicron pourrait bel et bien s’avérer plus compétitif que Delta. C’est d’ailleurs ce qu’affirmait lundi lors d’un point presse Olivier Véran. Ce variant « est manifestement plus contagieux », reconnaissait le ministre de la Santé. De fait, en Afrique du Sud, Omicron serait déjà responsable de plus de 90 % des infections à coronavirus.
La transmissibilité d’Omicron reste néanmoins à confirmer dans la mesure où les chiffres enregistrés en Afrique du Sud pourraient être liés à l’exploitation par Omicron d’un « déclin de la transmission de Delta », estime dans un entretien à l’AFP Michael Ryan, le responsable des urgences de l'OMS.
Peu de craintes sur la virulence d'Omicron
De façon plus rassurante, la virulence d'Omicron ne semble pas accrue par rapport à Delta. « Le comportement général que nous observons jusqu'à présent ne montre aucune augmentation de la sévérité », aurait indiqué à l’AFP Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche en matière de Covid-19. Pour lui, il serait ainsi « quasiment certain » qu’Omicron ne causerait pas plus de formes graves que Delta. « Il y a quelques signes montrant qu'il se pourrait même qu'il soit encore moins grave », aurait-il ajouté, rappelant qu’en Afrique du Sud, le ratio entre les contaminations et le nombre d’hospitalisation apparaît toujours moins élevé que pour Delta.
« Les données venant d'Afrique du Sud ne doivent pas être surinterprétées, a-t-il toutefois averti, la population de ce pays présentant notamment la particularité d'être très jeune et moins à risque d'être hospitalisée, alors que les formes sévères de la maladie peuvent prendre plusieurs semaines avant de se développer », résume l’AFP.
Quoi qu’il en soit, Pfizer et BioNTech confirment travailler à une version actualisée de Comirnaty. Les deux firmes « sont convaincues que, si nécessaire, elles pourront fournir un vaccin [fondé sur] Omicron en mars 2022 », et fournir, l’année prochaine, 4 milliards de doses de ce nouveau produit, affirme le communiqué.
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