Avec la rentrée scolaire, ce lundi 4 septembre sonne le coup d'envoi d'une grande campagne d'information sur la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV), qui débutera à partir du 2 octobre, selon les régions. Après recueil du consentement des deux parents, les élèves de cinquième (800 000 sont concernés) recevront deux injections, à l'automne et au printemps, selon un calendrier à la main des Agences régionales de santé (ARS). Fortement recommandée, la vaccination n'est pas obligatoire.
Alors que l'objectif est de porter la couverture vaccinale des adolescents à 80 % d'ici à 2030, seulement 48 % des filles (ciblées depuis 2007) et 8,5 % des garçons (depuis 2021) de 15 ans avaient reçu au moins une dose de vaccin fin 2022. Des taux parmi les plus faibles d'Europe, où plusieurs pays dépassent 70 %.
Orchestrée par l'Institut national du cancer (Inca), la campagne du 4 au 30 septembre s'adresse aux parents (à travers des spots radio et des messages sur le digital), aux enfants, via un film d'animation et un journal, et aux acteurs de l'Éducation nationale. Quant aux professionnels de santé, ils peuvent s'appuyer sur un dépliant de l'Inca pour répondre aux questions de leur patientèle.
Vaincre les réticences
Vacciner en milieu scolaire « pourrait permettre d'augmenter les couvertures vaccinales », comme dans d'autres pays (Australie, Canada, Finlande, Norvège, Écosse…), selon les autorités sanitaires. « C'est un excellent moyen d'atteindre la population cible des 11-14 ans qui ne vont plus chez le pédiatre et vont rarement consulter un médecin généraliste », soutient la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale. « Cela enlève un éventuel frein lié à la disponibilité des parents pour amener leurs enfants se faire vacciner et cela marque une volonté nationale », a déclaré à l'AFP le Dr Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer et médecin de santé publique.
Avec la Ligue et d'autres experts signataires en juin d'un appel à mettre les « moyens », le Dr Ricard insiste sur l'importance d'une campagne d'information massive pour « déminer les interrogations ou inquiétudes qui peuvent persister » autour du vaccin anti-HPV. Selon une étude de Santé publique France, la crainte d'effets secondaires et la peur du vaccin sont les principaux motifs invoqués par les parents d'adolescentes pour justifier leurs réticences.
« Contrairement aux craintes de certains à l'époque sur le Gardasil (l'un des vaccins disponibles, NDLR), on n'a pas vu de recrudescence ni d'explosion des scléroses en plaques ou maladies auto-immunes post-vaccination HPV ni en France, ni à l'étranger », affirme l'expert de la Ligue. À l'inverse, « en Australie, dans les pays scandinaves et au Royaume-Uni, il a été démontré que le vaccin avait fortement diminué la circulation du virus, qu'il y avait beaucoup moins de lésions précancéreuses et de survenue de cancers chez les femmes vaccinées », résume Emmanuel Ricard.
Autre frein avancé : le vaccin anti-HPV aurait été perçu par certaines familles comme « un passeport pour entrer dans une sexualité », rappelle le Dr Ricard. Pourtant, la vaccination est d'autant plus efficace qu'elle est faite avant la rencontre avec le virus à l'origine de l'infection, d'où cette recommandation centrée principalement sur les 11-14 ans, selon les experts.
Gratuité à l'école
L'étude de Santé publique France révélait enfin le poids des inégalités socio-économiques, avec des taux de vaccination « particulièrement faibles » pour les filles avec un/des parents au chômage. Le vaccin – entre 95 et 116 euros- est remboursé à 65 % par l'Assurance-maladie et la part restante, par une complémentaire, mais en cas d'avance des frais, ou d'absence de mutuelle, « ce reste à charge n'est pas négligeable, qui plus est dans un contexte d'inflation », souligne le porte-parole de la Ligue.
Pour les collégiens en 5e cette année scolaire, la vaccination sera « totalement gratuite », intégralement remboursée, a souligné le gouvernement.
Elle sera aussi non genrée, ce qui est « plus facile à promouvoir, puisque la communication n'a plus besoin d'être ciblée uniquement sur les jeunes filles, mais seulement sur les jeunes », déclare à l'AFP Judith Mueller, médecin épidémiologiste, professeure à l'École des hautes études en santé publique (EHESP) et chercheuse à l'Institut Pasteur. C'est aussi indispensable sur le plan scientifique pour espérer stopper la circulation du virus. Pour rappel, près d'un tiers des hommes de plus de 15 ans est infecté par au moins un type de papillomavirus humain (HPV) dans le monde ; et un homme sur cinq, l'est par un ou plusieurs types de HPV à haut risque (HPV-HR), selon une méta-analyse publiée cet été dans « The Lancet Global Health ».
En France, chaque année, environ 6 400 nouveaux cas de cancers sont causés par ces papillomavirus, dont la moitié touche le col de l’utérus, les autres étant les cancers ano-génitaux ou ORL chez les deux sexes.
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