Par rapport à la 3e dose, une 4e injection de vaccin à ARNm – qu’il s’agisse de celui de Pfizer ou de celui de Moderna – n’apporterait qu’un bénéfice mineur à la lutte contre Omicron. C’est ce que suggèrent les récentes déclarations d'un hôpital israélien à l’origine d’un essai clinique à ce sujet.
Israël premier pays à étudier la 4e dose généralisée
Comme le rappelle un article du Lancet publié la semaine dernière, Israël, dont la moitié de la population avait déjà reçu un schéma complet de primovaccination en avril 2021, a été le premier pays à déployer une campagne de rappel de vaccination anti-Covid-19 en juillet dernier. Quelques mois plus tard, face à l’émergence d’Omicron, le pays a rapidement commencé à évaluer l’intérêt d’une 4e dose.
Pour ce faire, l'hôpital Sheba, près de Tel-Aviv, a lancé fin décembre un essai clinique prévu pour 6 mois. Dans ce cadre, 154 soignants auraient reçu une 4e dose du vaccin Pfizer, et 120 autres volontaires une 4e dose du vaccin Moderna.
Augmentation significative des titres d'anticorps
Une semaine après le début de cette investigation, l’hôpital avait annoncé de premiers résultats encourageants. « Les anticorps [des participants, NDLR] ont été multipliés par cinq, ce qui indique que le vaccin fonctionne et offre une protection contre les complications graves. » Soit, « une augmentation [de la réponse humorale] plus importante qu’après la 3e dose », relève dans la presse israélienne Gili Regev-Yochay, qui dirige cette étude.
Si bien que dès le 2 janvier 2022, malgré le caractère très préliminaire des données disponibles, une campagne d’administration de 4e dose a été lancée dans le pays « par précaution » face à la vague Omicron. « Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a annoncé que le pays offrirait une quatrième dose du vaccin COVID-19, [non seulement aux immunodéprimés mais aussi] aux travailleurs de la santé et aux personnes de plus de 60 ans », rapporte le Lancet.
Un bénéfice clinique mineur
Toutefois, trois semaines après le début de l'essai, les promoteurs de l’étude préviennent tout excès d’enthousiasme. En effet, le 17 janvier, le professeur Gili Regev-Yochay, rapporte que si l'administration d'une 4e dose permet bien « d'augmenter le niveau des anticorps », elle n'induit, cliniquement, « qu'une défense partielle contre [Omicron] ». « De nombreux infectés par Omicron […] ont reçu la quatrième dose. Certes, un peu moins que dans le groupe témoin, mais toujours beaucoup », explique-t-elle au Times of Israel.
De quoi remettre en question la campagne israélienne, qui, selon les dernières données du ministère de la Santé du pays, a déjà conduit plus de 537 000 individus à recevoir une 4e dose. Pour Regev-Yochay, « proposer une 4e dose aux personnes à risque élevé reste sans doute une bonne idée, mais […] la campagne actuelle, qui offre également l’injection aux plus de 60 ans, devrait être modifiée pour n’inclure que les personnes [encore] plus âgées », résume en effet le Times of Israel.
L'Europe et la France temporisent
En Europe, seule la Hongrie semble pour le moment avoir ouvert l’accès à la 4e dose, au-delà des immunodéprimés, à tous ceux qui le souhaitent – « après avis médical » toutefois. Car sur le vieux continent, les autorités sanitaires temporisent. En effet, la semaine dernière, l’Agence européenne du médicament (EMA) soulignait un manque de recul sur l’efficacité et l’innocuité de ce rappel supplémentaire.
En outre, pour le régulateur, la multiplication de rappels rapprochés apparaît peu soutenable. De fait, une telle démarche pourrait lasser la population. Mais surtout, cette stratégie pourrait s'avérer véritablement contre-productive en « surchargeant le système immunitaire » et en abaissant l’efficacité des vaccins.
En France, la 4e dose fait toutefois l’objet de discussions. « Le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale doit rendre un avis sur ce sujet et nous avons également saisi la Haute autorité de santé (HAS) sur la question de la quatrième dose », indiquait la semaine dernière le ministère de la Santé lors d'un point presse. Ce matin, l’instance attendait toujours ces avis ainsi que des « données de vie réelle ».
(Avec AFP)
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