Alors que l'OMS vient de retirer le qualificatif de "préoccupant" à deux sous-lignées du variant indien - récemment renommé variant delta - le lignage B.117.2 continue d'inquiéter. En effet, de nouvelles données anglaises et écossaises publiées hier par l'agence britannique de santé publique (Public Health England, PHE) suggèrent que le risque d’hospitalisation pourrait s'avérer augmenté chez les personnes infectées par ce mutant par rapport à celles infectées par le clone alpha (variant anglais). Plus précisément, il serait apparu plus que doublé à la fois en Écosse (HR 2,39) et en Angleterre (HR 2,61), où 38 805 cas de Covid-19 ayant conduit à un séquençage ont été analysés. Mais ces données apparaissent très préliminaires - l’agence anglaise ne leur attribuant pour le moment qu'un faible niveau de confiance.
Une transmissibilité accrue par rapport au variant alpha (anglais)
Ce qui semble se confirmer en revanche depuis plusieurs semaines, c’est que le lignage B.117.2 du variant indien tend à se diffuser plus encore que le clone alpha (ou variant britannique), évoquant une transmissibilité accrue par rapport à ce mutant. C’est du moins ce que suggèrent de récentes données anglaises.
D’après le Pr Olivier Schwartz, responsable de l'unité Virus et immunité à l'Institut Pasteur, la proportion de cas de contaminations par le variant delta a en effet continué d’augmenter Outre-Manche ces derniers jours. « Si bien que si l’Angleterre enregistre en ce moment peu de cas de Covid-19, le variant delta y est à l’origine de plus de 60 % des contaminations », indique-t-il. Autrement dit, en Angleterre, le variant delta aurait remplacé le variant alpha pour devenir prédominant en quelques semaines seulement.
Un échappement à l’immunité moindre qu’avec la souche bêta (sud-africaine)
Par ailleurs, diverses publications parues récemment tendent à confirmer la capacité du variant à échapper à l’immunité, conformément à ce que laissaient présager les mutations codant sa protéine Spike.
En effet, une pré-publication de l’Institut Pasteur parue en début de semaine montre qu’in vitro, le variant delta apparaît moins sensible aux anticorps que le variant alpha. Plus précisément, le mutant indien mettrait totalement en échec un des anticorps synthétiques actuellement disponibles (le Bamlanivimab), résisterait partiellement aux anticorps acquis naturellement après une infection, susciterait une activité neutralisante 3 à 6 fois moindre après deux injections du vaccin de Pfizer, voire plus réduite encore après une injection unique du vaccin d’AstraZeneca.
Dans le même esprit, une étude anglaise pré-publiée la semaine dernière par le Public Health England, rapporte une baisse des performances des vaccins face au variant delta cette fois en vie réelle. Ce travail relate cependant une perte d’efficacité moins marquée que celle qu’on aurait pu attendre à la lecture de l’étude de l’Institut Pasteur. S’il confirme qu’une seule injection du vaccin AstraZeneca s’avère peu protectrice vis-à-vis du variant delta, il rassure en effet quant à l’efficacité de deux doses de Vaxzevria et de Comirnaty, encore estimée à 88 % et 60 % contre ce clone. « Toutefois, cette étude apparaît limitée notamment par le fait que les deux groupes suivis [personnes exposées au variant anglais et sujets exposés au variant indien ndlr] n’étaient pas vraiment comparables », nuance le Pr Schwartz.
« Quoi qu’il en soit, le variant indien a l’air plus sensible aux anticorps que le variant sud-africain, considéré comme le plus problématique en termes d’échappement immunitaire », rassure le virologue, qui évoque toutefois la possibilité que des rappels ou des doses plus élevées de vaccins deviennent nécessaires pour lutter au mieux contre ce nouveau clone.
En attendant, en France, le variant delta semble rester très minoritaire. « Nous n’avons aujourd’hui pas d’éléments en faveur d’une diffusion significative de ce variant au niveau national », rassurait Santé Publique France ce matin lors de son point épidémiologique. La semaine dernière, l’agence admettait pourtant que le nombre d’épisodes de contamination par ce nouveau clone était en hausse, et que de premiers cas autochtones commençaient à être détectés.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie