Pour la première fois, une contamination par le virus Zika sans autre contact que celui de la sueur et des larmes d'un patient infecté a été décrite dans une lettre publiée dans le « New England Journal of Medicine », écrite par le Dr Sankar Swaminathan et ses collègues de l'école de médecine de l'université de l'Utah, à Salt Lake City. Le patient contaminé a en effet contracté le virus au contact d'un premier patient de 73 ans, décédé à l'hôpital suite aux symptômes provoqués par le virus.
Le premier patient avait été admis à l'hôpital de Salt Lake City suite à une hypotension et des douleurs abdominales, huit jours après son retour d'un voyage dans le sud-ouest du Mexique dont il est originaire. Atteint d'un cancer de la prostate de stade IIB, il avait subi une séance de radiothérapie un mois auparavant et était sous traitement hormonal. L'examen clinique n'a pas révélé de fièvre, mais les médecins ont noté que le patient souffrait de tachycardie, de dyspnée et de conjonctivite érythémateuse avec un œil larmoyant.
Contaminé par compassion
Le deuxième patient est un homme de 38 ans venu visiter le premier patient à l'hôpital. Une semaine après cette prise de contact, le second patient a commencé à souffrir d'une conjonctivite, de douleurs musculaires et d'un rash. Une série de tests pratiqués au bout de 7 jours a confirmé la présence de virus Zika dans les urines, mais pas d'ARN viral dans le sérum. Il y avait en revanche des IgM dirigés contre le Zika dans le sérum du second patient.
Au cours de son interrogatoire, le second patient a affirmé n'avoir eu aucun contact avec le sang du premier patient. Il l'avait en revanche aidé à se repositionner dans le lit sans utiliser de gant et avait essuyé des larmes provenant d'un œil. Il n'avait en outre pas voyagé récemment dans un pays touché par l'épidémie, et affirmait n'avoir pas eu de relation sexuelle avec un partenaire ayant séjourné dans une de ces zones.
« La transmission de flavivirus à travers des muqueuses, ou une peau, intactes, est rare mais a été montrée dans des modèles animaux et dans au moins un cas humain », explique les auteurs. En septembre 2004, des médecins de Boston avaient en effet décrit un cas d'infection par le virus de la dengue par voie mucocutanée et en absence de vecteurs.
Parallèlement à cette publication dans le « New England Journal of Medicine », les chercheurs de l'université Toulouse III Paul Sabatier ont révélé dans « The Lancet Infectious Disease » avoir détecté la présence du virus Zika dans les spermatozoïdes d'un patient de 32 ans au-delà de 130 jours.
De retour de Guyane française avec des symptômes évocateurs d’une infection par le virus Zika (fièvre modérée, éruption cutanée, douleurs musculaires et articulaires), le patient était porteur du virus dans le plasma et l’urine. Les chercheurs ont prélevé 11 échantillons de sperme, 10 de sang et 5 d’urine.
Des durées de survie variables
Après analyse, il s’avère que le virus Zika a été retrouvé dans tous les échantillons jusqu’au 37e jour. Au-delà, le virus est détecté uniquement dans le sperme où il persiste jusqu’à plus de 130 jours, bien après la fin des symptômes. Ce résultat a été confirmé chez deux autres patients pour lesquels le virus a persisté de 69 à 115 jours dans le sperme. Pour le moment, les facteurs influençant cette variation de durée d’un individu à l’autre sont inconnus. Dès le diagnostic porté, ces patients se sont d’ailleurs vu conseiller d’avoir des rapports sexuels protégés.
« Nous avons détecté la présence du virus Zika à l’intérieur d’environ 3,5 % des spermatozoïdes de ce patient », explique Guillaume Martin-Blondel, chercheur au Centre de physiopathologie Toulouse Purpan. Dans d'autres virus sexuellement transmissibles, tels que le VIH, le virus reste à la surface du spermatozoïde mais n'y pénètre pas. Dans le cadre d’une fécondation in vitro, il est donc possible de débarrasser les spermatozoïdes du VIH, mais pas du virus Zika. Il reste cependant à déterminer si le virus Zika présent dans les spermatozoïdes reste actif, ainsi que la capacité de ces spermatozoïdes à transmettre l’infection.
Selon les dernières recommandations de l'agence de la biomédecine datée du 27 juillet dernier, toute personne souhaitant bénéficier d'une cryoconservation, d'une AMP ou souhaitant donner ses gamètes au retour d'une zone touchée par l'épidémie ne doit être prise en charge qu'au bout de 2 mois après son exposition, et à condition que les examens sérologiques soient négatifs.
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