Non, nous n'en avons pas fini avec le Sida ! Deux millions et demi de personnes ont contracté le VIH en 2015 dans le monde, un chiffre qui ne recule pas depuis dix ans selon l'Institut de métrologie sanitaire et d'évaluation (IHME) de Seattle qui publie son dernier bilan 2 015 dans le Lancet HIV. Une bien mauvaise nouvelle pour le 3e jour de cette 21e conférence inernationale sur le Sida qui, seize ans plus tard, est revenue s'installer à Durban (Afrique du Sud). Mais dans un contexte autrement moins victorieux puisqu'en 2000, les associations d'antiretroviraux avaient permis à la lutte contre le VIH de faire des bonds spectaculaires.
Non, l'épidémie ne régresse pas
L'étude analyse des données sur l'incidence et la prévalence du VIH ainsi que sur le nombre de morts au niveau global, national et régional chez 195 pays entre 1980 et 2015. Les résultats montrent une faible baisse au niveau mondial des nouveaux cas d'infections. En effet, les chercheurs constatent une régression de seulement 0,7 % par an des nouveaux cas entre 2005 et 2015 par rapport à 2,7 % par an entre 1997 et 2005. « Ces derniers résultats donnent une image inquiétante de la lenteur des progrès pour réduire les nouvelles infections par le VIH », s'alarme le Dr Haidong Wang de l'Université de Washington à Seattle et auteur principal de l'étude.
Les chiffres concernant la mortalité sont toutrefois moins alarmistes. D'après ces travaux, après avoir atteint un pic avec 1,8 million de morts en 2005, les décès liés au VIH s'élèvent à 1,2 million en 2015. Cette diminution s'explique en partie par l'arrivée de la thérapies antirétrovirales (ART) puisque le nombre de personnes traitées par ce moyen a rapidement augmenté entre 2005 et 2015 (passant de 6,4 % à 38,6 % pour les hommes et de 3,3 % à 42,4 % pour les femmes). En tout, 41 % des personnes infectées par le virus reçoivent une ART dans le monde. Comme le taux de mortalité a chuté, le nombre de personnes qui vivent avec la maladie est en constante augmentation en passant de 27,96 millions en 2000 à 38,8 en 2015.
De grandes disparités entre les pays
Malgré les progrès mis en œuvre au niveau mondial, les scientifiques remarquent une grande différence entre les pays. L'épidémie n'a pas atteint son pic au même moment selon les endroits et l'accès au traitement adéquat n'est pas le même partout.
Ainsi, en 2015, trois-quarts des nouvelles infections sont survenues en Afrique subsaharienne et 8,5 % sont apparus en Asie du Sud. Cette même année, des taux d'incidence particulièrement haut ont été reportés au sud de l'Afrique. En effet, plus de 1 % de la population a contracté le virus au Botswana, Lesotho et Swaziland, alors que ces taux sont moindres, évalués à 39 pour 100 000 en Éthiopie et 42 pour 100 000 au Congo.
Entre 2005 et 2015, le taux de nouvelles infections par le VIH a augmenté dans 74 pays, dont l'Indonésie, les Philippines, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient ainsi qu'en Europe de l'Est, mais aussi dans certains pays d'Europe occidentale comme l'Espagne et la Grèce. En 2015, sur le continent européen, ce sont la Russie et l'Ukraine qui présentaient le plus grand nombre de nouvelles infections.
La comparaison entre le nombre de morts et la prévalence du HIV démontre que les personnes séropositives ont bien moins de chance de décéder dans les pays développés qu'ailleurs. Les spécialistes pointent donc la nécessité d'intensifier la couverture thérapeutique par antirétroviraux, en particulier au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe de l'Est.
AIDES monte au créneau
« Cette étude montre les limites du discours sur une fin du SIDA qui serait déjà engagée », argue Aurélien Beaucamp, président de AIDES. L'association rappelle que l'accès aux traitements doit demeurer un objectif absolu et que l'accès à la PrEP doit être généralisé pour les populations à risques.
Le problème est, que depuis 2010, les financements accordés pour la lutte contre le SIDA sont restés constants. Or « une augmentation massive des efforts des gouvernements et des organismes internationaux est requise pour atteindre les quelques 36 milliards de dollars par an nécessaires pour réaliser l'objectif de mettre fin au sida d'ici 2 030 », prévient Christopher Murray, directeur de l'IHME (Institute for Health Metrics and Evaluation).
Pour AIDES, s'il faut une augmentation substantielle des moyens matériels, celle-ci est parfaitement à notre portée : « 15 milliards de dollars, c'est moins que 0,02 % du PIB mondial. À titre de comparaison, c'est 3 % du budget de la défense des États-Unis. »
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