"Un tournant décisif a été franchi". C'est l'Onusida qui le dit, à trois jours de la conférence internationale sur le Sida qui doit se tenir cette année à Paris. Un million de personnes sont mortes de maladies liées au sida en 2016, soit presque moitié moins que lors du pic de décès atteint en 2005. "Le nombre de décès liés au sida a chuté de 1,9 million en 2005 à 1 million en 2016", indique le programme de coordination de l'ONU contre le sida, dans son rapport annuel sur l'épidémie. Plus de la moitié des malades dans le monde sont désormais sous traitement et le nombre de nouvelles contaminations par le VIH a continué à décliner.
Un progrès lié en grande partie à une meilleure diffusion des traitements par anti-rétroviraux. "Nos efforts ont entraîné un solide retour sur investissement", a salué Michel Sidibé, dans le rapport. "Mais notre lutte pour mettre fin au sida ne fait que commencer. Nous vivons des temps fragiles et les progrès accomplis peuvent être facilement effacés", avertit le directeur exécutif de l'Onusida. De fait, 1,8 million de nouvelles infections par le VIH ont encore eu lieu en 2016, soit une contamination toutes les 17 secondes en moyenne. Ce chiffre est néanmoins en baisse régulière année après année, très loin du maximum de 3,5 millions de nouvelles contaminations atteint en 1997. Mais ce rythme est trop lent pour parvenir à juguler l'épidémie et atteindre l'objectif de seulement 550.000 nouvelles contaminations en 2020, avertit l'Onusida.
La région du monde qui a accompli le plus de progrès est l'Afrique australe et de l'Est, qui rassemble plus de la moitié des personnes séropositives et où beaucoup d'efforts ont été déployés. Les décès liés au sida y ont chuté de 42% depuis 2010 et les nouvelles infections ont reculé de 29%. L'Onusida s'inquiète en revanche de l'explosion de l'épidémie en Europe de l'Est et en Asie centrale: le nombre de décès y a grimpé de 27% en six ans et le nombre de nouvelles infections a bondi de 60%. Le phénomène touche en premier lieu la Russie, mais aussi l'Albanie, l'Arménie et le Kazakhstan.
"La réalisation mondiale des 'trois 90' d'ici 2020 est à la fois réalisable et accessible si l'on s'attaque avec détermination aux lacunes" pointées dans le rapport, juge toutefois l'Onusida. Cet objectif consiste à ce que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que parmi elles, 90% soient sous traitement, et que parmi ces dernières, 90% aient une charge virale indétectable. A fin 2016, ces proportions étaient encore de 70%, 77% et 82%, selon l'Onusida.
Depuis le début de l'épidémie, au début des années 1980, 76,1 millions de personnes ont été contaminées par le VIH et 35 millions sont décédées, soit l'équivalent de la population du Canada. La tuberculose était ainsi encore en 2016 la première cause de mortalité des personnes atteintes du VIH.
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