Le Dr Jacques Furlan sera fixé sur son sort le 11 janvier prochain. Mais dans cette affaire de prescriptions litigieuses de Subutex, le parquet de Sarguemines a été plus sévère à l'égard du généraliste que des revendeurs... Trois ans de prison dont deux avec sursis ont en effet été requis à son encontre, ainsi que 50.000 euros d'amende et l'interdiction d'exercer son métier. "En distribuant du Subutex à des patients qui n'en ont pas besoin, on alimente un réseau", a fait valoir la représentante du ministère public, Marion Freitag, qui a également requis 20.000 euros d'amende à l'encontre d'un pharmacien. A leurs côtés comparaissaient deux hommes soupçonnés d'avoir revendu du Subutex à des toxicomanes: les forces de l'ordre ont découvert plus de 600 comprimés chez l'un d'eux. Le parquet a requis respectivement un an ferme et douze mois avec sursis et mise à l'épreuve pendant 24 mois à leur encontre.
Le Dr Furlan, alors maire de Hombourg-Haut, avait été mis en examen en octobre 2013. La CPAM de Moselle a provisoirement chiffré son préjudice à plus de 165.000 euros, selon son avocat, Me Nicolas Matuszac. Alors qu'il travaillait à temps partiel du fait de ses activités d'élu, le Dr Furlan pouvait recevoir jusqu'à 80 patients par jour, s'est étonné le parquet, en relevant que des patients n'étaient pas examinés lors d'une première prescription.
Jacques Furlan pratiquait une "médecine go-fast", a pour sa part estimé l'avocat de l'Ordre des médecins, Me Stanislas Louvel, en pointant son exercice "un peu atypique" du métier. "Je ne peux pas mener moi-même une enquête" sur chaque patient, a rétorqué le médecin généraliste qui a assuré n'avoir "jamais eu (...) une intention de frauder la Sécurité sociale". "On veut que je serve d'exemple et que les autres médecins aient peur et ne prescrivent plus de Subutex", a-t-il déploré ensuite auprès de l'AFP.
Cité par sa défense, un collègue généraliste du Dr Furlan a tracé le portrait d'un médecin humaniste qui "a eu le courage d'aller s'installer dans une cité où le problème des produits stupéfiants était omniprésent". Il avait parfois affaire à des "patients agressifs et indisciplinés", a relevé ce médecin. Également appelé à la barre par la défense du Dr Furlan, le sociologue Yvon Schléret a souligné que le Subutex ne donnait pas lieu à un véritable trafic au même titre que les drogues.
Le Subutex est dans la ligne de mire de l'Académie de médecine, qui a demandé en juillet aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour renforcer la lutte contre le trafic de ce médicament. Alors que le nombre d'héroïnomanes actuellement traités par buprénorphine (Subutex et génériques) est estimé à 150.000 en France.
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