Cette semaine à l'occasion de la journée sans tabac, le BEH se consacre aux derniers chiffres disponibles sur la prévalence tabagique d’après le baromètre santé 2016. Apparemment, en 2016, 34,5 % des Français entre 15 et 75 ans fumaient et 28,7 % de manière quotidienne. Ce qui montre que les prévalences restent stables depuis 2010 après une hausse constatée de 2005 et 2010.
Cette stabilité entre 2014 et 2016 est retrouvée quel que soit le sexe, la tranche d’âge, le nombre de diplômes, la situation professionnelle ou le revenu. Néanmoins, on constate quelques disparités si on regarde la période totale entre 2010 et 2016. Par exemple, dans ce laps de temps, le tabagisme quotidien a diminué pour les hommes entre 25 et 34 ans et parmi les femmes entre 15 et 24 ans. D'autre part, la hausse du tabagisme chez les femmes dans les classes d'âges les plus élevées s'explique par un effet générationnel. En effet, les générations de femmes chez qui l'addiction au tabac s'est développée ont aujourd'hui entre 55 et 75 ans et une partie d'entre elles n'ont jamais cessé de fumer.
Un accroissement des inégalités sociales en matière de tabagisme
Déjà observée entre 2000 et 2010, la tendance se confirme entre 2010 et 2016 : les prévalences sont significativement différentes selon les facteurs socio-économiques. En effet, la prévalence du tabagisme quotidien a augmenté passant de 34 % à près de 39 % parmi les personnes dépourvues de diplômes, alors qu’elle a légèrement baissé (de 23 % à 21,1 %) parmi ceux ayant un diplôme supérieur au Baccalauréat. De même, ce chiffre est en hausse pour les individus dont les revenus correspondaient à la tranche la plus basse alors qu’en parallèle elle a diminué chez ceux dont les revenus étaient dans la tranche la plus haute.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer une prévalence plus élevée chez les populations plus défavorisées comme l’usage de la cigarette pour gérer le stress, la difficulté à se projeter dans l’avenir, le déni du risque ou des évènements difficiles durant l’enfance. Ceci peut également être dû à des divergences au niveau des processus de sevrage. Les fumeurs appartenant à des catégories sociales moins favorisées sont aussi désireux d’arrêter le tabac que les autres mais ils y parviennent moins souvent. Une publication française avait d’ailleurs conclu qu’il serait judicieux de réaliser des actions adaptées et acceptables pour ces populations.
L’e-cigarette : un effet de mode ?
En 2016, 41,2 % des vapoteurs étaient des anciens fumeurs, une proportion en nette hausse par rapport en 2014. À l’inverse, la part de vapoteurs qui continuent de fumer est en baisse passant de 75,6 % en 2014 à 58,8 % en 2016. Ces résultats peuvent être des signes d’essoufflement du développement de la cigarette électronique.
En effet, l’expérimentation de ce dispositif n’augmente pas, ce qui signifie qu’il n’attire pas de nouveaux consommateurs. En parallèle, la prévalence de l’usage quotidien chez les 15-24 ans diminue, ce qui peut s’expliquer par un phénomène de mode qui commence à s’estomper. On peut supposer que si l’e-cigarette apparaît comme une aide à l’arrêt du tabac pour une partie des fumeurs, elle semble progressivement abandonnée par ceux qui n’arrivent pas à stopper complètement leur consommation de tabac et qui reviennent donc à l’usage de la cigarette classique. Cette hypothèse devra bien sûr être confirmée par les études portant sur l’efficacité de la cigarette électronique.
La France reste mauvaise élève mais a pris des mesures
La France reste à la traîne avec une prévalence nettement plus élevée que la plupart de ses homologues européens : on comptabilise en effet un quart de fumeurs en Allemagne, comme en Espagne, en Belgique, ou aux Pays-Bas, et un cinquième en Grande-Bretagne ou en Italie. Concernant les États-Unis et l’Australie, ils comptent un nombre de fumeurs très inférieurs aux pays d’Europe occidentale avec seulement 15 % de fumeurs en 2014-2015. Dans ces pays, on constate une baisse continue de la prévalence tabagique depuis début 2000, ce qui n’est malheureusement pas le cas dans l’Hexagone.
Toutefois, de nombreuses mesures ont été mises en place fin 2016 et pourraient s’avérer efficaces dans la lutte contre le tabac notamment l’augmentation du remboursement des substituts nicotiniques, la campagne « Mois sans tabac », le paquet neutre, ou le remboursement à 65 % de la varénicline. Ces données sur le tabac établi lors du Baromètre santé 2016 permettront de faire un état des lieux juste avant que ces mesures ne soient effectives et ainsi de mieux juger de leur efficacité par la suite.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie