"Je veux également impliquer les médecins traitants dans la lutte contre le tabagisme. Leur rôle dans la sensibilisation de ses patients aux risques du tabac est un élément important de l’efficacité d’une politique de lutte contre le tabagisme." Le plan tabac annoncé jeudi par Marisol Touraine devrait donc mettre à contribution les médecins généralistes. Entre autres mesures, la ministre de la Santé a en effet annoncé jeudi que la réduction du tabagisme fera désormais partie des "objectifs de santé publique" qui détermine une partie de leur rémunération à la performance. La ministre rappelle que "plus de la moitié des fumeurs réguliers déclarent avoir envie d’arrêter" et pourtant, estime-t-elle, "ils ne reçoivent pas systématiquement de conseils en ce sens pour leur dire comment faire de la part de leur médecin au cours d’une consultation".
Soucieuse donc de davantage sensibiliser et mobiliser les professionnels de santé au repérage et à la prise en charge du tabagisme, elle a annoncé son intégration dans la ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique) : "Nous allons désormais intégrer le suivi du tabagisme et le conseil d’arrêt au fumeur dans ces objectifs. De cette manière là, le rôle de prévention du médecin traitant est réaffirmé et sera renforcé", explique-t-elle, sans donner pour l’instant de détails ni sur la date de l’intégration dans la ROSP, ni sur la forme de ce nouvel indicateur.
Les médecins généralistes pourraient être indirectement aidés dans cette tâche par la hausse du forfait sevrage pris en charge pour les "publics prioritaires" : il passera en effet de 50 à 150 euros par an pour les jeunes de 20 à 30 ans, les bénéficiaires de la CMU-c et les malades atteints de cancer. Cette mesure complète le triplement du remboursement du sevrage déjà en vigeur pour les 20-25 ans.
Mais la mesure phare du plan est l’adoption des paquets "neutres", standardisés, de même couleur et sans logo. La marque du fabricant étant réduite à une simple inscription "de taille définie et très discrète". L'objectif est de les rendre moins attractifs, en particulier chez les jeunes. D’autres mesures chocs ont été annoncées comme l’interdiction de fumer en présence d’enfants de moins de 12 ans ou dans les espaces publics de jeux pour enfants.
Enfin, moins consensuelle sans doute est la régulation du vapotage prévu par ce plan. La e-cigarette -déjà interdite aux mineurs- sera interdite dans certains lieux publics, tel qu’écoles, transports en commun et tous les bureaux. La publicité pour les e-cigarettes va aussi être limitée par une circulaire du 25 septembre 2014, puis interdite définitivement le 20 mai 2016.
Les principales mesures anti-tabac seront intégrées dans le projet de loi santé attendu cet automne. Le ministère espère faire baisser le nombre de fumeurs - 13 millions actuellement - d'environ 10% en 5 ans. "Nous voulons que les enfants qui naissent aujourd'hui soient la première génération de non-fumeurs", a déclaré la ministre, car le tabac tue 73.000 personnes chaque année en France, soit "l'équivalent d'un crash d'avion de ligne par jour avec 200 passagers à bord". Satisfaite de ses mesures, la ministre les a présenté comme un véritable arsenal contre le tabac : "J'ai choisi mon camp, celui de la santé publique... C'est un moment important de la lutte contre le tabac ".
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