Selon une étude menée par des chercheurs des CHU de Guadeloupe et de Martinique, publiée dans la revue Neurology, un quart des malades atteints en 2016 de neuroZika souffrent toujours de séquelles importantes.
Près de 8 % des patients souffrent de séquelles graves
Afin de rendre compte du spectre complet et du pronostic de neuroZika et d’identifier les facteurs prédictifs de mauvais pronostic, des équipes de recherche de l’Institut Pasteur à Paris, de l’Inserm, de l’Institut Pasteur de Guadeloupe, du Centre hospitalier universitaire de Guadeloupe, du Centre hospitalier universitaire de Martinique, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et du CNRS, a mené une vaste étude d’observation basée sur la population lors de l’épidémie de 2016 aux Antilles françaises.
Ainsi, 87 patients, dont six enfants, ont été identifiés dans le cadre de cette étude. 95 % d'entre eux ont été hospitalisés. Le Guillain-Barré était la manifestation la plus fréquente (46 %), suivie par l'encéphalite ou l'encéphalomyélite (20,7 %), l'atteinte d'une ou plusieurs paires crâniennes (9,2 %), d'autres atteintes périphériques (6,9 %) ou l'AVC (1,1 %). 16 % des sujets - dont un enfant - ont combiné des atteintes périphériques et centrales. Pour 21 patients, une ventilation assistée a été nécessaire. Tous présentaient des traces d’acides nucléiques du virus Zika (ZIKV RNA) dans l’urine, le sang ou le liquide céphalorachidien. Et pour ces patients-là, le risque de décès ou de séquelle grave était le plus élevé (OR 9,19).
Valeur pronostique de la présence d'ARN viral dans les liquides biologiques
Deux patients sont morts du neuroZika. 76 patients ont pu être suivis sur 14 mois. Trois ans plus tard, 75 % des personnes ont totalement récupéré ou ne présentent que quelques signes mineurs. Une infirmité résiduelle a été identifiée chez 25 % des patients et pour 6 autres malades (7,9 %) l'infirmité était sévère. « Ce sont des patients qui sont généralement passés en réanimation pour un syndrome de Guillain-Barré. Ils n’ont pas encore récupéré la marche et sont totalement dépendants dans les gestes de la vie quotidienne », détaille le Pr Annie Lannuzel (neurologue à l’université des Antilles), auteure principale de l'étude.
L'étude met en avant que le neuroZika a pu être détecté par la présence d'acides nucléiques du virus Zika dans l’urine, le sang ou le liquide céphalorachidien. « La présence du virus dans un fluide, à rechercher par PCR, peut augurer d’une atteinte sévère », ajoute la neurologue.
En 2016, l'épidémie de Zika avait touché plus de 66 000 personnes aux Antilles. Le virus se transmet principalement par la piqûre d'un moustique infecté de l'espèce Aedes aegypti ou Aedes albopictus. Il peut passer la barrière materno-fœtale et provoquer des anomalies congénitales graves.
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