« Déconstruire les tabous », rendre plus transparente la composition des protections périodiques, favoriser leur distribution gratuite aux femmes en situation de précarité, donner la formation et les outils aux professionnels de santé pour mieux en parler : un rapport parlementaire rendu public mardi formule 47 recommandations pour que les règles soient moins « génératrices d'angoisses et de souffrances » pour les femmes.
Ce sujet n'a « rien d'anecdotique » sur les plans sanitaire comme économique, affirment les deux autrices de ce rapport, adopté par la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale. Laëtitia Romeiro Dias (LREM - Essonne) et Bénédicte Taurine (LFI - Arriège) s'y disent convaincues que « la prise en charge insuffisante de la question des menstruations contribue à perpétuer les inégalités entre les femmes et les hommes ».
Mieux former les médecins à l'endométriose
Déplorant une « connaissance insuffisante » des filles et des femmes sur ce sujet, notamment concernant la « diversité des produits de protection », les « précautions d'usage et d'hygiène » ou les « risques sanitaires », les députées préconisent que les menstruations soient « systématiquement abordées » par les professionnels de santé. « Ces derniers doivent être vigilants afin de mieux tenir compte des douleurs et des éventuelles complications, dans le cas des chocs toxiques mais aussi de pathologies liées aux règles comme l'endométriose », a expliqué la député Bénédicte Taurine lors de la présentation du rapport en commission parlementaire. Les rapporteuses recommandent par ailleurs de renforcer la formation des médecins généralistes et des gynécologues concernant l'endométriose.
Selon les parlementaires, il est aussi nécessaire que les généralistes réalisent « un point d'information » sur le sujet des règles à l'occasion des deux examens obligatoires de suivi de l'enfant entre 11 et 13 ans et entre 15 et 16 ans. « Cela permettra de déconstruire le tabou, de les mettre à l'aise sur le sujet et de parler des différentes protections qui existent » poursuit l'élu de l'Ariège. Selon les autrices, le cycle menstruel doit également systématiquement être abordé dès la classe de 6e et un site internet public doit être créé pour délivrer des « informations ludiques et accessibles ».
Informations transparentes sur la composition des protections
La transparence sur les protections hygiéniques est également demandée. Les fabricants devraient être tenus de mentionner sur les emballages la présence éventuelle de traces de substances toxiques. Un "pictogramme clair" devrait informer les utilisatrices que les protections internes ne doivent pas être utilisées trop longtemps, et notamment pas la nuit, suggèrent les autrices. « Il serait bien que la Haute autorité de santé (HAS) tranche le débat de la durée de port des protections internes de type tampon ou cup une bonne fois pour toutes », ajoute Bénédicte Taurin.
Un rapport sur les protections féminines rendu fin janvier par l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) s'est intéressé à la composition de ces protections mais n'a pas mis en évidence de relation directe entre les propriétés physico-chimiques des matériaux de ces protections intimes et un risque d’augmentation du syndrome de choc toxique (SCT), mais affirme que le risque de développer un SCT augmente avec la durée de port des protections internes.
Expérimentation de la gratuité des protections pour les patients précaires
Pour remédier au problème de la « précarité menstruelle », les parlementaires proposaient notamment l'installation de distributeurs de protections menstruelles dans certains lieux publics, auxquels les femmes sans domicile pourraient avoir accès grâce à des cartes prépayées. Les collégiennes, lycéennes et étudiantes devraient également pouvoir accéder à des protections gratuites dans leurs établissements selon le rapport.
Ce jeudi, les secrétaires d'État chargées respectivement de l'Egalité femmes/hommes Marlène Schiappa et de la Solidarité et la Santé Christelle Dubos ont salué dans un communiqué le rapport des deux parlementaires. S'appuyant sur ce dernier, le gouvernement a annoncé lancer cette année à titre expérimental la distribution de protections périodiques gratuites à des femmes en situation de précarité. Il s'agissait également d'une recommandation formulée par la sénatrice Patricia Schillinger (LREM), dans un rapport rendu en octobre dernier. Cette expérimentation sera dotée d'un budget d'un million d'euros.
(Avec AFP)
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