Une personne vient d'être suspendue de son RSA à hauteur de 80 % pour trois mois à Pont-Sainte-Maxence, dans l'Oise du fait de sa dépendance à l'alcool. À l'origine, un signalement du maire LR de la ville, Arnaud Dumontier. La presse médicale n'en a pas parlé. Je rappelle que le montant du RSA est de 524,68 euros. Ce qui irrite ce maire est que l'argent public puisse être dépensé pour acheter de l'alcool. En tant que médecin, je suis particulièrement choqué. Cette personne souffre d'une addiction à l'alcool. Ces malades ont beaucoup de mal à s'inscrire dans un soin durable. Cette difficulté est directement en lien avec la pathologie addictive. Autrement dit, le fait d¹être atteint d'une pathologie addictive entraîne une sanction.
L'état de santé de cette personne ne lui permet manifestement pas de s'inscrire dans un processus de réinsertion. Il aurait été plus judicieux de tenir compte de la réalité de sa pathologie et de lui permettre d'entrer dans le processus d'allocation adulte handicapé plutôt que de l'humilier et le mettre dans une misère inacceptable. Les pathologies addictives nous obligent à réfléchir sur les représentations que notre société en a. Dans cette situation, la gravité de la dépendance à l'alcool de ce malade est vue comme une transgression et non comme une pathologie. Il en a été ainsi pour d'autres pathologies dans l'histoire comme la possession démoniaque des épileptiques. Mais ce qui est le plus insupportable, c'est l'instrumentalisation politicienne de ce drame humain.
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