L’Académie nationale de médecine recommande d’étendre et d’encourager la vaccination contre le papillomavirus (HPV) en population générale jusqu’à 26 ans. Ceci, afin « d’éliminer plus certainement et rapidement les cancers et les maladies liées aux HPV », déclare-t-elle dans un communiqué du 29 janvier.
Aujourd’hui, la vaccination anti-HPV est recommandée en France pour l’ensemble des filles et des garçons âgés de 11 à 14 ans avec un schéma à deux doses. Un rattrapage est possible jusqu’à 19 ans révolus. La vaccination anti-HPV est aussi recommandée et remboursée pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) ou les patients immunodéprimés, jusqu’à l’âge de 26 ans selon un schéma à trois doses. Depuis cet automne a par ailleurs été lancée une campagne de vaccination anti-HPV auprès de tous les élèves de 5e (soit 800 000 filles et garçons du public et privé sous contrat), avec l’objectif d’immuniser au moins 30 % d’entre eux. En 2030, ce sont 80 % des adolescents que le gouvernement espère protéger.
« Retard vaccinal »
Malgré ces recommandations, l’Académie s’inquiète d’un « retard vaccinal » en France. Fin 2022, seulement 48 % des filles (ciblées par la vaccination depuis 2007) et 8,5 % des garçons (concernés depuis 2021) de 15 ans avaient reçu au moins une dose de vaccin. Des taux parmi les plus faibles d'Europe, où plusieurs pays dépassent 70 %. « La France se positionne en 28e place sur 31 pays européens en termes de couverture vaccinale », a récemment regretté le Pr Geoffroy Canlorbe, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris) et secrétaire général de la Société française de colposcopie et de pathologie cervicovaginale (SFCPCV).
En outre, la campagne de vaccination au collège peine à décoller. Selon les données les plus récentes citées par la SFCPCV, et émanant de l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est, seulement 6 à 25 % des collégiens seraient vaccinés selon les villes.
Une décision individuelle, et non parentale
L’extension de la vaccination jusqu’à 26 ans pour les deux sexes représenterait une décision individuelle et non parentale, fait observer l’Académie de médecine. Au collège, la nécessité pour le collégien de présenter une autorisation parentale signée par les deux responsables légaux de l’enfant est « une spécificité française qui alourdit la démarche de vaccination », considère le Pr Canlorbe.
Par ailleurs, l’extension de la vaccination jusqu’à 26 ans se justifie selon l’Académie car le risque d’infection à HPV perdure tout au long de la vie chez les deux sexes et 50 % des cancers du col de l’utérus sont dus à des infections contractées après 20 ans. Une méta-analyse du Lancet publiée cet été montre que près d'un tiers des hommes de plus de 15 ans est infecté par au moins un type de papillomavirus humain dans le monde, avec un pic de prévalence entre 25 et 29 ans.
En outre, le bénéfice de la vaccination reste important même chez les personnes infectées, « d’autant que dans 88 % des infections, un seul génotype type d’HPV est retrouvé alors que le vaccin Gardasil9 en compte neuf », lit-on. Plusieurs études montrent l’efficacité et la bonne tolérance du vaccin entre 16 et 26 ans sur les lésions prénéoplasiques et les verrues génitales chez la femme et chez l’homme, argumente encore l’Académie. Une étude, réalisée en Suède, montre ainsi un risque réduit de 62 % de développer un cancer du col de l’utérus pour les femmes vaccinées entre 20 et 30 ans en comparaison des femmes non vaccinées.
Enfin, cette extension vaccinale en population générale sans distinction de sexe est déjà pratiquée dans de très nombreux pays (Australie, États-Unis, Canada…), conclut la rue Bonaparte.
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