L'OMS a qualifié lundi d'"urgence de santé publique de portée mondiale" l'épidémie du virus Zika. "Nous devons agir", a affirmé la directrice de l'OMS, Margaret Chan (photo), lors d'une conférence de presse à Genève à l'issue d'une réunion exceptionnelle de son comité d'urgence.
L'OMS a jugé qu'un lien entre ce virus transmis par un moustique et une explosion en Amérique du Sud du nombre de cas de microcéphalie était "fortement suspecté, bien que non prouvé scientifiquement". "Tous s'accordent sur le besoin urgent de coordonner les efforts internationaux pour poursuivre les investigations et mieux comprendre cette relation", a dit Margaret Chan, qui a, en conséquence, décrété que cette situation était "une urgence de santé publique de portée mondiale".
Cette déclaration intervient après que l'OMS a averti la semaine dernière que le virus se propageait "de manière explosive" dans la région des Amériques, avec 3 à 4 millions de cas attendus en 2016. L'organisation craint que la situation découlant du phénomène climatique El Nino - particulièrement puissant depuis 2015 et qui favorise le réchauffement climatique - provoque une augmentation du nombre de moustiques.
Microcéphalie et Guillain-Barré
L'OMS s'est néanmoins abstenue jusqu'à présent de formuler des recommandations concernant les voyages dans les zones affectées par le Zika. Mais le Brésil a aussitôt tirer les conséquences de la décision de l'organisation, déconseillant dans la foulée aux femmes enceintes de venir aux JO cet été. Le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, s'est toutefois dit lundi confiant dans le bon déroulement des JO, malgré l'épidémie.
Le Brésil avait sonné l'alarme en octobre, lors de l'apparition d'un nombre inhabituellement élevé dans le nord-est du pays de cas de microcéphalie. Depuis, 270 cas confirmés de cette malformation et 3.448 cas suspects ont été enregistrés, contre 147 en 2014. Zika est également soupçonné d'être lié au syndrome de Guillain-Barré (SGB). La Colombie, deuxième pays le plus affecté par le virus, prévoit plus de 1.500 cas de SGB pouvant y être liés, a déclaré lundi le ministre de la Santé, Alejandro Gaviria. "Il y a suffisamment de coïncidence dans l'espace et dans le temps pour dire qu'il y a clairement une relation" entre le virus Zika et ce syndrome a-t-il ajouté.
En Amérique Latine et jusqu'en Indonésie
Le gouvernement du Honduras a décrété lundi l'état d'urgence national à cause du virus Zika, le pays ayant enregistré près de 3.700 cas de contamination depuis mi-décembre, a annoncé la ministre de la Santé, Yolani Batres. La Colombie, le Salvador, l'Equateur, le Brésil, la Jamaïque et Porto Rico ont d'ores et déjà recommandé aux femmes d'éviter toute grossesse tant que l'épidémie de Zika n'est pas sous contrôle. Au Panama, les autorités ont dit craindre une propagation de la maladie à l’ensemble du pays, après 50 premiers cas confirmés.
En Europe et en Amérique du Nord, des dizaines de cas d'infection par le Zika ont été signalés parmi les personnes revenant de voyages dans les pays touchés. Dimanche, un institut de recherche indonésien a annoncé avoir trouvé un cas positif de virus Zika sur l'île de Sumatra, ajoutant que le virus circulait "depuis un certain temps" dans le pays.
Sanofi recherche un vaccin
C'est dans ce contexte d'épidémie que la division vaccins de Sanofi, a annoncé mardi qu'elle se lançait dans la recherche d'un vaccin contre le virus. "Sanofi Pasteur répond à l'appel mondial pour le développement d'un vaccin contre le virus Zika, justifié par la rapidité de la propagation de la maladie et les risques de complications médicales", a indiqué Nicholas Jackson, directeur de la Recherche de Sanofi Pasteur, qui sera chargé du nouveau projet. Sanofi explique vouloir s'appuyer "sur les succès obtenus dans le développement de vaccins contre des virus similaires", comme son vaccin contre la dengue, Dengvaxia®.
De son côté, Marisol Touraine a estimé mardi que la décision de l'OMS d'instaurer l'état d'urgence allait accélérer la recherche : "Très concrètement, cela va permettre d'accélérer la recherche pour trouver un vaccin puisque nous n'avons aujourd'hui face à Zika ni vaccin, ni traitement", a déclaré Marisol Touraine lors des questions au gouvernement. La ministre de la Santé a enfin une nouvelle fois recommandé aux femmes enceintes "de ne pas se rendre dans les territoires français ou étrangers touchés par l'épidémie".
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