Une femme, plutôt jeune et votant pour des partis populistes : tel pourrait être le profil-type d'un Français anti-vaccins dans la pandémie actuelle, selon une analyse pour la Fondation Jean-Jaurès.
Alors que les laboratoires Pfizer et BioNTech puis Moderna ont annoncé des résultats préliminaires encourageants sur leurs vaccins respectifs, plusieurs études confirment la défiance vaccinale ancrée dans la population française. Une étude américaine réalisée par Ipsos, publiée en octobre 2020, place toujours la France parmi les pays les plus réticents au vaccin contre le Covid-19. Seulement 54 % de la population déclarent qu'elles se feraient vacciner – loin derrière l'Italie (65 %), le Canada (76 %), le Royaume-Uni (79 %) ou l'Inde (87 %).
Sur ces bases, Antoine Bristielle, professeur agrégé de sciences sociales, chercheur et expert de la Fondation Jean-Jaurès, a modélisé les attitudes à l'encontre d'un futur vaccin contre le coronavirus en se basant sur des données récoltées dans l'enquête « Fractures françaises ». Cette méthode permet de mettre en lumière des facteurs influençant l’attitude face au vaccin : l’âge, le sexe, le comportement politique et la confiance dans les institutions politiques et scientifiques de notre pays.
Les jeunes moins concernés par la maladie
L'âge se révèle un facteur clé. Plus les Français sont âgés, plus l'adhésion déclarée est élevée. Chez les jeunes générations l'acceptation est moindre probablement car elles se sentent moins concernées par la maladie et déclarent avoir « moins peur des conséquences sanitaires de l'épidémie », relève l'étude.
Les femmes se montrent plus inquiètes face aux risques d'un futur vaccin contre le Covid. Elles sont ainsi plus nombreuses (50 %) à refuser la vaccination que les hommes (35 %). « Alors qu’hommes et femmes sont aussi sceptiques concernant l’efficacité du vaccin, les femmes sont beaucoup plus nombreuses à craindre les effets indésirables que les hommes (52 % contre 35 %) », peut-on lire.
Si la catégorie socioprofessionnelle et le niveau d’éducation n’ont aucun impact, on remarque en revanche des différences en fonction du positionnement politique. « À âge, niveau de diplôme et catégorie socioprofessionnelle similaires, les électeurs de 2017 de Jean-Luc Mélenchon, de Marine Le Pen, de François Asselineau et de Nicolas Dupont-Aignan sont beaucoup plus anti-vaccins que les autres électeurs », observe l'auteur. Les individus rejetant les institutions politiques classiques auraient une forte probabilité d’être également défiants envers les institutions scientifiques, « en particulier chez les individus qui manifestent une sympathie pour les partis populistes de droite », lit-on.
Effets propres du vote en 2017 sur l'acceptation d'un vaccin contre le Covid-19
L'auteur s'intéresse également à l'influence des réseaux sociaux où prospèrent les thèses antivax et complotistes. « Sur YouTube, les chaînes anti-vaccins telles que celle de Thierry Casasnovas, Jean-Jacques Crèvecœur, Silvano Trotta, Salim Laïbi comptabilisent plusieurs centaines de milliers d’abonnés, lit-on. Plus symptomatique encore, ces chaînes ont gagné un nombre considérable d’abonnés depuis le début de l’épidémie. »
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