Comment s’y prennent les autres pays pour accélérer la transformation numérique des systèmes de santé ?
En passant au crible 18 stratégies nationales ayant trait à l’innovation en santé et à la e-santé dans neuf pays, le syndicat des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil en technologies Syntec numérique a voulu apporter un éclairage nouveau sur la politique de santé hexagonale, fondé sur la comparaison internationale.
« Sans surprise, l’expérience de l’Espagne et de la Belgique se rapproche beaucoup plus du système français. Néanmoins, comme les autres secteurs industriels, le numérique à cette vertu de décloisonner. Syntec a voulu regarder de plus près le système de santé et la manière dont les gouvernements abordent cette transformation numérique », détaille Isabelle Zablit, coprésidente du comité santé de Syntec numérique.
Chaque loi, programme, plan, ou stratégie nationale est analysé à quatre niveaux : les plateformes, la télémédecine, les données et les systèmes d’information.
Le cas de la Chine laisse rêveur, révèle l'étude, élaborée avec le cabinet de conseils Sia Partners. Entre 2011 et 2015, l'empire du Milieu a consacré 336 milliards d'euros au développement de l’infrastructure informatique dans les services publics – notamment aux centres de santé communautaires et ruraux –, incluant en partie la e-santé. À ce rythme, la fracture numérique ne devrait pas trop se prolonger dans les régions les plus reculées de Guangxi ou de Zhejiang. Dans les Landes ou autour de Montbéliard, cela semble une autre affaire !
Même constat au Danemark, ou la télémédecine est quasiment érigée en religion. L'État a programmé jusqu'en 2019 le déploiement dans les cinq régions du royaume d’équipements de télémédecine à domicile pour les patients atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique, associant les municipalités et les professionnels de santé.
En Australie, un programme de plus de 306 millions de dollars sur l'année 2017-2018 encourage l’innovation pour augmenter la qualité des soins à grande échelle, et ce jusqu’en 2020.
Un Airbus européen de la santé
En comparaison, le montant des investissements français pour booster le numérique en santé ne mérite pas autant de roulements de tambour pour le syndicat. 50 millions d'euros pour la télémédecine, 100 millions d'euros pour l’intelligence artificielle en santé, 400 millions d’euros pour un plan hôpital numérique : à ce prix, notre virage numérique pourrait bien tourner court, redoutent les éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil. Francis Jubert, de Syntec numérique, estime même « qu’en dessous d’un milliard d’euros d’investissement, il ne se passera rien » en France.
Où regarder ? Quel exemple suivre ? Francis Jubert avoue être inspiré par la Belgique pour la transparence et la Chine pour l’ambition industrielle. La confrontation de ces plans lui fait caresser l’espoir « de concevoir un Airbus européen de la santé dont la France serait le principal artisan ». Pour l’heure, déplore Syntec, la France semble encore bloquée au stade initial du calcul de la trajectoire de sa transformation numérique de système de santé.
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships
« Le matin, je me demandais si j’allais bosser ou si je fonçais dans un mur », une médecin partage ce qui l’a aidée à sortir du burn-out
Pédocriminalité : l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec renvoyé devant une cour criminelle