Autorisée en France depuis juillet 2011, la vitrification ovocytaire était très attendue depuis son développement au Japon dans les années 2000. Et pour cause. La technique est une réelle avancée dans la pratique d’aide médicale à la procréation (AMP). Quand la vitrification fait aussi bien que les ovocytes frais, avec un taux de 85-90 % pour les femmes « jeunes » (18-35 ans), la conservation par congélation lente, la seule qui était disponible jusque-là, donnait des résultats de survie ovocytaire médiocres, qui ne dépassait pas le seuil des 65 %.
C’est ainsi que, contrairement à la vitrification, la congélation lente est restée confidentielle. « Peu de centres en avaient l’expertise pour les ovocytes, explique le Dr Florence Brugnon, médecin biologiste dans le service de reproduction au CHU de Clermont-Ferrand et membre du BLEFCO, l’association des Biologistes des Laboratoires d’Études de la Fécondation et de la conservation de l’Œuf. Le risque de lyse était important en raison de la formation de cristaux ».
Avec la vitrification, les choses sont différentes. Le refroidissement ultra-rapide, de 20° à -196 °C, associé à une exposition très brève à une concentration élevée de cryoprotecteurs, empêche la cristallisation. Le système est totalement figé, ce qui permet une conservation stable pendant des décennies. Au démarrage de la technique, l’utilisation des cryoprotecteurs avait fait redouter de possibles effets tératogènes, en raison de leur pénétration dans l’ovocyte, autour et dans le noyau. « Les craintes ont été écartées par les données internationales, en particulier du Japon qui l’utilise depuis 10 ans, mais aussi d’Italie et d’Espagne, poursuit le médecin biologiste. Le suivi des enfants dans les registres nationaux n’a pas mis en évidence de risque malformatif ».
Une technique coûteuse et exigeante
« Tous les centres CECOS (Centre d’études et de conservation des œufs et du sperme) ont le matériel pour pratiquer la vitrification, poursuit le Dr Brugnon. Le facteur limitant principal, c’est le coût des réactifs et le remboursement limité. En pratique, la technique est sensible et opérateur-dépendante, demandant habileté et rapidité. Dans le service, il a fallu 3 mois pour que tout le personnel sache la réaliser. Les performances varient d’un centre à un autre ».
Actuellement, la vitrification ovocytaire est indiquée dans trois situations : la préservation de la fertilité pour les femmes qui vont être exposées à un traitement potentiellement toxique (chimiothérapie, radiothérapie), « le problème principal étant que le degré d’urgence à traiter nous laisse le temps des 10-15 jours nécessaires pour l’étape de stimulation-ponction » ; le don d’ovocytes, « l’appariement avec la femme receveur est facilité » ; et aux situations d’AMP où le sperme du conjoint n’a pu être recueilli le jour de la ponction ovocytaire.
La méthode pourrait faire l’objet d’évolutions techniques. « Le système ouvert permet un refroidissement beaucoup plus rapide que le refroidissement fermé, donc plus efficace, précise le Dr Brugnon. Implanté à l’étranger, le système ouvert n’est pas recommandé en France en raison du risque de contamination potentielle dans les cuves d’azote vis-à-vis d’agents infectieux non dépistés ». De plus, actuellement, les centres privilégient la congélation d’embryons à celle des ovocytes en cas d’AMP, sans preuve de la supériorité d’un tel choix. Le cas échéant, les données d’essais cliniques pourraient changer les pratiques.
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