Prévention, simplification des usages, innovation : dévoilée par la Délégation ministérielle au numérique en santé (DNS), la nouvelle feuille de route du numérique en santé 2023-2027 s'articule autour de quelques axes stratégiques – eux-mêmes déclinés en priorités d'action – sous la houlette des deux copilotes du numérique en santé, Hela Ghariani et Raphaël Beaufret.
Le premier axe vise à développer la prévention pour rendre chaque Français davantage « acteur de sa santé ». La quasi-totalité d’entre eux ont désormais un carnet de santé numérique à portée de main, se félicitent les auteurs de la feuille de route. L’envoi des ordonnances, résultats de biologie, comptes rendus d’imagerie ou lettres de liaison est désormais possible, sous réserve que cet usage s'ancre dans les pratiques et les habitudes. La prochaine étape sera « d’expliquer aux patients en quoi MES [Mon Espace santé] leur sera utile au quotidien », projette Hela Ghariani.
Vers une prévention personnalisée
L’objectif sera aussi de s'assurer que les patients récupèrent leurs documents de santé dans cet espace numérique individuel et puissent communiquer via la messagerie sécurisée (pour les ordonnances par exemple). Hela Ghariani se veut optimiste. « Chaque semaine, on a presque 100 000 nouveaux utilisateurs qui activent leur compte ». À terme, « on aura basculé dans un monde où il ne sera plus un service public numérique nouveau, mais bien un objet de la vie quotidienne », veut croire la copilote de la DNS. L'appropriation de la santé numérique par les plus fragiles et les plus vulnérables sera un des principaux défis.
Plus concrètement, la feuille de route ambitionne de développer des messages personnalisés de prévention. Reste à définir les critères (âge, sexe, pathologie…) pris en compte et les moyens (notification, messagerie) mis en œuvre. Côté professionnels cette fois, la DNS défend une « intégration intelligente dans les logiciels métiers des solutions de prévention, de bon usage et d'alerte ». Objectif : aider au mieux les acteurs de santé à cibler les patients, à les sensibiliser ou à les accompagner.
Pour la DNS, Mon Espace santé sera demain un outil précieux pour préparer et suivre les nouveaux bilans de prévention aux âges clés de la vie (20-25 ans, 40-45 ans, 60-65 ans) créés dans la loi Sécu. Des autoquestionnaires de préparation permettront d’enrichir le dossier patient. En aval du rendez-vous, les professionnels pourront le cas échéant partager leurs recos de prévention aux patients par messagerie sécurisée.
Repérer les « irritants »
La feuille de route souhaite également simplifier l'exercice des professionnels en les aidant à « dégager du temps grâce au numérique ». Ces derniers devraient pouvoir accéder « de manière synthétique et ergonomique » à l’historique médical de leurs patients « directement dans leur logiciel métier ». La DNS attend ici des retours d’expérience de la part des professionnels. Ceux-ci seront précieux pour « identifier les irritants dans l'usage des logiciels ou des différents services numériques », explique-t-elle. Il convient plus généralement de simplifier l'accès des médecins aux services numériques depuis les logiciels métiers et en mobilité, ce qui comprend par exemple la e-prescription.
Autre priorité : accélérer le rythme d’alimentation de Mon Espace santé. D’ici à fin 2023, « 4 à 5 documents par habitant et par an doivent être alimentés dans MES », vise Raphaël Beaufret, contre « 1,5 document » aujourd'hui. Des incitations aux usages numériques doivent permettre d'accélérer ce processus. Pour la médecine de ville, ils concerneront par exemple « l’alimentation du volet de synthèse médicale pour les patientèles en ALD et l’envoi des ordonnances », explique Hela Ghariani. Un des leviers consistera à « conditionner les parties variables du forfait structure à l’envoi effectif des informations par les professionnels », résume la cadre de la DNS – des incitations seront mises en œuvre aussi pour les hospitaliers, les biologistes ou les radiologues.
Enfin, alors que se multiplient les attaques malveillantes dans le secteur de la santé, un axe important concerne la mise en œuvre d'un « plan pluriannuel » sur le renforcement de la cybersécurité notamment pour les établissements sanitaires et médico-sociaux. À terme, un niveau minimal de maturité sur la cybersécurité sera intégré dans les certifications HAS des établissements sanitaires et médico-sociaux.
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