L'initiative fait tache d'huile en France

Premier système d'anapath tout numérique à Rennes

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Publié le 13/11/2020
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En sept mois, le CHU de Rennes s’est équipé d’un nouveau système de numérisation des lames d’anatomopathologie développé par Philips.
Permettre un décloisonnement de la discipline

Permettre un décloisonnement de la discipline
Crédit photo : Phanie

C’est une petite révolution technologique pour l’anatomopathologie qui est en train de se jouer au CHU de Rennes. L'établissement breton a déployé un système complet de lecture numérique des lames d’histopathologie avec la solution IntelliSite Pathology, développée par la société Philips à l'aide du financement de Nominoë, le fonds de dotation du CHU.

Ce nouveau dispositif permet de numériser les lames en très haute résolution à une taille correspondant au plus fort grossissement du microscope (x 40) et de les stocker sur le serveur du CHU avant lecture par les anatomopathologistes. Il est doté de scanners haute-performance, d’un système de gestion des images et d’outils informatiques connectés au laboratoire SCC Soft Computer pour la numérisation, le stockage, la visualisation et le partage des documents.

Décloisonner les services

« C’est une première en France », indique Véronique Anatole-Touzet, directrice générale du CHU de Rennes. « Ce passage au numérique, qui s’est effectué en à peine sept mois, nous permet d’améliorer la qualité et la rapidité du diagnostic mais également le fonctionnement du service d’anatomopathologie », ajoute-t-elle.

Si la préparation des lames, en grande partie manuelle, reste inchangée, la numérisation, elle, offre « une vision plus globale de l’image que l’on n’avait pas au microscope, avec des champs différents et, surtout, une navigation extrêmement rapide permettant de localiser rapidement la lésion », précise la Pr Nathalie Rioux-Leclercq, chef du service d’anatomie et cytologie pathologiques du CHU.

Le stockage des images numérisées sur le serveur de l’hôpital permet aux cliniciens du service d’échanger plus facilement, pour un second avis sur les lames par exemple, tout en autorisant le travail à distance, comme lors du premier confinement. Il est également très utilisé pour la formation des étudiants. « Cet outil nous permet, par ailleurs, de mieux communiquer avec les autres services et les anatomopathologistes de notre antenne à Vannes », ajoute Véronique Anatole-Touzet. « Il va favoriser le dialogue interdisciplinaire qui est essentiel dans la prise en charge des patients », renchérit la Pr Rioux-Leclercq. Pour, in fine, permettre un décloisonnement de la discipline à l’image de ce qui se pratique déjà pour l’imagerie médicale.

Déploiement interrégional

Prochaines étapes : déployer ce système au niveau interrégional pour un partage des expertises au sein du Groupe de coopération sanitaire Hôpitaux universitaires du grand ouest (HUGO) et développer des logiciels d’interprétation en collaboration avec des biotechs françaises. « La numérisation va nous permettre de partager nos données avec des start-up pour le développement de logiciels d’intelligence artificielle », indique la Dr Solène-Florence Kammerer-Jacquet, anatomo-cytopathologiste au CHU. « Cela nous permettra de gagner en efficacité », ajoute-t-elle, même si, rappelle la Pr Rioux-Leclercq « l’intelligence artificielle n’a évidemment pas vocation à remplacer le médecin ; il s’agit d’une aide au diagnostic, à l’interprétation ».

Pour Véronique Anatole-Touzet, « ce nouvel outil constitue un enjeu d’attractivité fort pour une discipline confrontée à une pénurie d’anatomopathologistes dans les hôpitaux publics ». Ce qui devrait permettre, selon elle, « de maintenir des compétences en quantité et en qualité suffisantes dans les CHU et les centres hospitaliers ». Une attractivité qui se décline déjà au niveau national puisque l’établissement rennais a déjà reçu la visite de représentants de huit CHU, de Gustave Roussy et de l’AP-HP et a organisé une visioconférence avec le CHU de la Martinique. Il s’apprête à accueillir, dans les prochains mois, des professionnels de l’Institut Curie et des CHU de Lille, Rouen et Caen.

 

Stéphany Mocquery

Source : Le Quotidien du médecin