« Une aide active à vivre », plutôt qu'une « aide active à mourir » : tel est l'appel que formule le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (où figurent notamment Éric de Moulins-Beaufort, président, Jean-Marc Aveline, cardinal et archevêque de Marseille ou encore Laurent Ulrich, archevêque de Paris), en réponse au Comité consultatif national d'éthique (CCNE). Dans son avis 139, l'instance consultative ouvre la voie à une assistance médicalisée au suicide pour certains patients graves au pronostic vital engagé à moyen terme, tout en refusant de se prononcer ouvertement sur l'euthanasie.
Publiée sur le site du « Monde », la tribune des évêques catholiques prend la défense d'une « voie française » sur la fin de vie, représentée notamment par les équipes des soins palliatifs, opposés à toute forme d'aide active à mourir. « Depuis plusieurs décennies, un équilibre s’est progressivement trouvé dans notre pays pour éviter l’acharnement thérapeutique et promouvoir les soins palliatifs. Cette " voie française " a pu faire école et dit quelque chose du patrimoine éthique de notre pays. Nos soignants, qui ont à faire face à tant de difficultés concrètes pour faire vivre notre système de santé, expriment souvent combien ils sont attachés à cet équilibre qui constitue l’honneur de leur profession et correspond au sens de leur engagement », lit-on.
Écouter les soignants
« À l'écoute de malades, de soignants, de familles, d'acteurs des soins palliatifs, nous percevons que le besoin essentiel du plus grand nombre est d'être considérés, respectés, aidés, accompagnés, non abandonnés. Leur souffrance doit être soulagée, mais leurs appels expriment aussi leur besoin de relation et de proximité. L'attente la plus profonde de tous n'est-elle pas l'aide active à vivre, plutôt que l'aide active à mourir ? », interrogent les signataires.
Le contexte Covid rend encore plus urgent l'impératif de prendre soin des plus vulnérables, estiment-ils. « Comment comprendre que (...) soit donnée l'impression que la société ne verrait pas d'autre issue à l'épreuve de la fragilité ou de la fin de vie que l'aide active à mourir, qu'un suicide assisté ? », interrogent-ils.
« La question de la fin de vie est si sensible et si délicate qu'elle ne peut pas se traiter sous la pression », plaident les évêques, qui invitent à « écouter sérieusement et sereinement les soignants, les associations de malades, les accompagnants, les philosophes, les différentes traditions religieuses pour garantir les conditions d'un authentique discernement démocratique ».
Une réunion des cultes très prochaine
De son côté, le président de la Fédération protestante de France (FPF), Christian Krieger, a fait part de sa crainte qu'une évolution législative vers une aide à mourir soit motivée par des motifs « idéologique et économique », lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes d'information sur le religieux (Ajir), le 16 septembre.
« Nous prenons acte du fait que l'avis 139 ouvre un petit seuil, la perspective d'une aide active à mourir. (...) Ce petit seuil, qui paraît un acte prudent, est en même temps une rupture totale avec la philosophie qui animait le conseil jusque-là », a-t-il dit. Rupture qui serait motivée notamment pas les difficultés à assurer une offre de soins palliatifs, analyse Christian Krieger, lisant dans le travail du CCNE un « encouragement important » à leur développement.
Par ailleurs, « il nous faut investir le débat. Nous aurions tort de ne pas nous y investir », a considéré Christian Krieger, alors que les modalités d'une vaste convention citoyenne au Conseil économique social et environnemental (Cese) se précisent, en parallèle des travaux parlementaires et gouvernementaux.
Les responsables de cultes (catholique, protestant, orthodoxe, musulman, juif et bouddhique) devraient se réunir « d'ici deux à trois semaines pour échanger et aborder la question », a-t-il précisé. Le grand rabbin de France Haïm Korsia a pour sa part estimé dans « La Croix » qu'une légalisation du suicide assisté serait une « rupture anthropologique », qualifiée de « tragique », tandis que le Pr Sadek Beloucif, membre du conseil d’orientation de la Fondation de l’islam de France et chef du service d’anesthésie-réanimation à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), rappelle que sur les questions de fin de vie, l'islam « converge avec le christianisme et le judaïsme ».
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