« BAISONS, baisons, c’est le plaisir des dieux ». Une dizaine d’internes, en blouse blanche de l’AP-HP, ont inauguré en gestes et en chansons l’exposition « La salle de garde et la véritable histoire de l’internat », sous l’il ému de quelques anciens qui en fredonnaient les refrains. C’est que, la salle de garde, toute malcommode et délabrée qu’elle soit, avec ses chaises et ses tables de guingois, est un lieu dont les règles vont souder le groupe de futurs médecins et de médecins qui en font partie. Un lieu caché et interdit au public. Où il faut montrer blouse blanche pour entrer.
Le but avoué du projet porté par l’APPI et qui a été orchestré par Patrick Balloul et le Dr Patrick Josset, tous deux auteurs de livres sur le sujet *, est d’expliquer pourquoi il faut une salle de repas spéciale pour les médecins. Parce qu’à l’hôpital, le médecin mange quand il peut, en décalage avec le personnel paramédical. Et qu’ « il a besoin de décharger », explique Sabine Marès. Ainsi que tous les témoignages d’anciens chefs de service qui figurent sur les panneaux de l’exposition. On y lit que « ces réunions étaient la détente d’un métier pénible » (Pr Jean Judet) ou que « la salle de garde est la meilleure des thérapies, elle permet de ridiculiser et de se prémunir du plus épouvantable de la douleur humaine »( Pr J.Pré).
Art pariétal.
L’exposition débute dans les couloirs de la faculté de médecine avec l’histoire de l’Internat et de la salle de garde, et se termine dans le musée mué en salle de garde avec fresque, trône d’économe et roue. Elle fait la part belle aux traditions (les fautes, les taxes et la roue), au bal de l’Internat (et à ses cartons d’invitation) et à l’art pariétal hospitalier, sous le signe d’Eros et de Thanatos. Mais elle rappelle que la salle de garde est aussi un foyer intellectuel que ne dédaignèrent pas des artistes de renom comme Gustave Doré, Bellery-Desfontaines, Toulouse-Lautrec et, plus récemment, Delanglade ou Dora Mar.
La démarche était audacieuse de dévoiler au public un lieu privé dont les fresques sont éphémères et dont les traditions se perpétuent à l’oral. Pari réussi. Les photos les plus récentes ont juste été floutées. On ne montre pas son anatomie à n’importe qui.
Musée d’histoire de la Médecine, 12, rue de l’École de Médecine, ouvert de 14 heures à 17 h 30 sauf jeudi et dimanche. 3,50 €
Avec le soutien de l’association Le Plaisir des Dieux (www.leplaisirdesdieux.com), du groupe Pasteur Mutualité et de la MACSF.
* Partrick Balloul, « La Salle de garde ou le Plaisir des dieux », 2 tomes, Paris, 1994. « La Salle de garde, d’hier à aujourd’hui », Éditions de l’âtre, 2 tomes, 2006. Patrice Josset, « la Salle de garde : histoire et signification des rituels des salles de garde de médecine, chirurgie et pharmacie du Moyen-Âge à nos jours », Paris, le Léopard d’or, 1996.
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