LE SYSTÈME DE SANTÉ polynésien a vécu. Ses succès ne sont pas négligeables. Avec des dépenses qui s’élèvent à 604 millions d’euros – la moitié du budget de la collectivité –, une espérance de vie et un taux de mortalité proches de ceux de la France, la Polynésie française a sa place parmi les pays développés, à la différence des archipels de cette région du Pacifique. En terme de moyens, tous les indicateurs sont au vert. La densité médicale est équivalente à celle de l’Australie, et supérieure à celle de la Nouvelle-Zélande. La Cour des comptes souligne également la réussite du niveau d’intégration du système mis en place sur ce territoire aux 118 îles.
Mais l’avenir s’annonce préoccupant et la Cour des comptes craint que le système actuel ne puisse affronter les défis du vieillissement. Premier obstacle : « le pilotage exercé par la Polynésie française sur le système de santé est assuré a minima ». Conséquence d’une instabilité à la tête du ministère de la Santé (qui a vu 10 ministres se succéder ces six dernières années), l’archipel n’a plus de politique claire depuis son deuxième plan, arrivé à échéance en 2005 avec seulement 1/3 d’objectifs atteints. Les réglementations sont caduques et le schéma d’organisation sanitaire date de 2001. L’information médicale se révèle, elle aussi, incomplète et périmée : les enquêtes les plus récentes sur la santé des Polynésiens datent de 1995. La Cour des comptes enjoint donc la Polynésie à redéfinir des objectifs quantifiés, planifier les besoins en personnel, et réorganiser le schéma sanitaire pour la prochaine décennie – une réforme d’autant plus urgente que l’hôpital du Taaone, de référence, entre tout juste en service.
Perte de contrôle.
« Le financement du système de santé ne pourra plus être assuré dans les années à venir sans une réforme permettant de rééquilibrer la charge respective de la Polynésie française, de la Caisse de prévoyance sociale (CPS) et des ménages », avertit la Cour des comptes. Au regard des chiffres, l’inquiétude semble en effet justifié. Entre 1994, date d’une première évaluation des comptes, et 2008, date de la deuxième et plus récente enquête, les dépenses accusent une progression de 129 %. Tendance qui ne va pas s’inverser avec le vieillissement de la population, les mises en conformité des divers hôpitaux, et le surcoût de fonctionnement entraîné par le nouvel hôpital public du Taaone. Parallèlement, les deux principaux financeurs, la CPS, à hauteur de 60 %, et la collectivité (30 %), peinent à équilibrer leurs budgets, dans un contexte de baisse des cotisations, non compensée par la collectivité, et de marasme économique. Face à cette situation, La Cour des comptes invite prestement la Polynésie France à « engager une refonte des principes et mécanisme de financement de la santé ». « 2011 sera dédiée à une démarche de réforme globale du système et de son fonctionnement, pour garantir sa pérennité », a répondu le président de la Polynésie française.
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