LE NATIONAL Health Service (NHS), plus grand service public de santé au monde, s’apprête à subir un traitement radical qui, outre-Manche, alarme l’opinion et les médecins. « C’est le plus grand bouleversement imposé au NHS depuis sa création », aux dires d’un membre de la commission parlementaire ad hoc commentant le projet de loi du gouvernement conservateur qui vient d’entamer son parcours au Parlement.
Le Premier ministre David Cameron n’a pas touché au budget du National Health Service qui mêle financement par l’impôt et gratuité des soins ; c’est d’ailleurs l’un des rares à avoir échappé à la cure d’austérité imposée au pays. Mais le gouvernement a prévenu que « sans modernisation, le principe (de la gratuité) ne sera plus tenable », notamment sous l’effet du vieillissement de la population.
En lutte « contre la bureaucratie », les pouvoirs publics entendent dynamiter une partie de la structure du NHS et accroître le recours au privé. Les dix « autorités stratégiques de santé » qui supervisent régionalement le système sont appelées à disparaître. Tout comme les 151 « Primary care trusts » et leurs 64 000 employés, qui gèrent localement le budget alloué par l’État et l’achat des soins. D’ici À 2013, ce rôle devrait être dévolu à des consortiums de généralistes, qui vont ainsi se voir confier 80 % des 110 milliards de livres (130,5 milliards d’euros) du budget annuel du NHS et l’achat des prestations médicales, en mettant en concurrence public et privé. Le gouvernement veut également généraliser les « Foundation trusts », des hôpitaux dont l’autonomie budgétaire sera encore élargie et qui pourront augmenter leurs activités privées.
Avec cette réforme, 20 milliards de livres (23,7 milliards d’euros) pourront être économisés d’ici à 2014 et réinjectés dans le système, promettent les conservateurs. Mais syndicats, opposition et professionnels y sont hostiles. Les premiers brandissent la menace de « licenciements en masse » au NHS, qui se présente comme le 4e plus gros employeur au monde. Ils crient avec les travaillistes à la « privatisation » et dénoncent l’entrée en force de l’« idéologie libérale » dans le NHS. Guère enclins à assumer une tache administrative lourde et difficile, 60 % des généralistes, selon un sondage, rejettent aussi cette réforme. L’idée ne convainc pas plus les Britanniques dont 27 % seulement, d’après une autre enquête, sont favorables à un rôle accru du privé au sein du NHS.
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