Dimanche 1er juin, 15h. Les Drs Delfosse et Ingargiola vont se livrer à un exercice quelque peu inhabituel pour des praticiens. Pendant deux heures, ces deux gynécologues du centre hospitalier de Wallonie picarde (CHwapi), à Tournai en Belgique, vont répondre en direct aux questions des patients anonymes pendant une séance de tchat sur le site Web de l’établissement. Un rendez-vous initié le 4 mai dernier par la maternité du CHwapi et qui se renouvellera tous les premiers dimanches de chaque mois.
Les internautes sont coutumiers de ce genre de dialogue en ligne, y compris dans le domaine de la santé. Mais il est plus rare de voir un hôpital l’intégrer à sa politique d’accompagnement. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. « C’est un service que l’on souhaite pérenniser parce qu’il fait partie de l’accompagnement et de l’accueil des patients » indique Noëlla Baratto, directrice du département communication de cette hôpital privé.
Le service de gynécologie ouvre la voie, mais le CHwapi avait déjà expérimenté le tchat en 2013, lors de la campagne Octobre rose, de sensibilisation au cancer du sein. Cinq sessions avaient alors été organisées (les compte-rendus sont accessibles en ligne). Avec une audience modeste : une dizaine de patients connectés simultanément au cours de chaque séance. Mais le feedback des internautes et… des praticiens a convaincu l’hôpital de poursuivre l’expérience.
Des médecins motivés
« C’est logique d’utiliser ces nouveaux moyens de communication pour toucher les patients, explique le Dr Marc Wayembergh, chef du service de gynécologie obstétrique au CHwapi. Aujourd’hui, les malades vont chercher des réponses à leurs angoisses sur Internet, mais les explications ne sont pas toujours satisfaisantes d’un point de vue médical voire sont parfois anxiogènes. »
Le tchat n’est pas une consultation, il permet de répondre à des questions générales, banales, mais qui sont parfois source d’inquiétudes pour les patients. « Quand bébé bouge-t-il pour la première fois ? À partir de combien de temps doit-on s’inquiéter de ne pas arriver à être enceinte ? … » Ce sont quelques-unes des interrogations soulevées par les internautes lors du tchat du 4 mai dernier.
Des patients désinhibés
Le tchat n’est en aucun cas personnalisé et ne peut pas s’apparenter à du téléconseil médical. Les questions trop personnelles ne sont pas abordées et les patients concernés invités à consulter un médecin, comme ce fut le cas à plusieurs reprises lors des précédentes sessions. Exemple avec une femme sous traitement de Cyclocur, se plaignant de pertes anormales et de douleurs au bas ventre. Elle est immédiatement renvoyé vers son gynécologue.
Ce dialogue est-il de nature à modifier les relations médecins-patients ? « L’anonymat du tchat libère la parole, note le Dr Wayembergh. On a constaté que les internautes posaient plus facilement des questions qu’ils n’auraient pas osées aborder pendant une consultation soit parce qu’ils pensent que c’est stupide soit parce que le sujet est délicat. La question des rapports sexuels pendant la grossesse, par exemple. »
Toute l’opération se fait avec l’aval du Conseil de l’Ordre des médecins belges, qui a été préalablement consulté. Dans un livre blanc consacré à la déontologie médicale sur le Web et publié en 2011, le CNOM encourageait lui aussi ce type de pratiques et invitait les médecins français à investir le Web et les réseaux sociaux. En Belgique, le CHwapi a montré la voie.
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