Les bras de fer entre le ministère de la Santé et la FHP ne sont pas rares mais les appels à cesser toute activité, programmée et non programmée, sont exceptionnels. Début janvier, si les menaces sont suivies d’effet, le système hospitalier ne fonctionnera plus que sur une jambe. Les cliniques veulent cesser toute activité pour une durée illimitée. La semaine dernière, Marisol Touraine s’est engagée à rencontrer de nouveau les représentants des cliniques, mais sans préciser ses intentions.
La précédente mobilisation de grande ampleur au sein de l’hospitalisation privée remonte à 2001. Pendant plusieurs jours, les cliniques n’avaient offert ni consultation, ni admission, ni opération programmée. Les urgences vitales avaient été assurées par le biais de réquisitions. Le gouvernement avait fini, au terme d’une rude négociation, par concéder une rallonge budgétaire. Un accord signé à deux heures du matin dans le bureau d’Élisabeth Guigou avait officialisé la sortie de crise.
Les grands groupes unis derrière la FHP
Le Dr Max Ponseillé présidait la FHP à l’époque. Il se rappelle du contexte. « La revalorisation tarifaire accordée cette année-là aux cliniques était ridicule. L’affaire s’était envenimée [sur la parité des salaires des personnels entre le secteur public et privé], les médecins avaient suivi. La mobilisation devrait être au moins aussi forte en janvier car la profession est plus homogène. Les groupes font partie du comité exécutif de la FHP qui a voté la grève ».
Contrairement aux conflits précédents, l’enjeu actuel dépasse les tarifs et concerne la place même du secteur privé, qui redoute d’être marginalisé à la faveur du futur service public hospitalier (SPH, qui consistera à respecter un bloc d’obligations dont les tarifs opposables). Seuls les hôpitaux publics y seront éligibles de droit. Du coup, tous les groupes de cliniques qualifient de « légitime » l’appel radical de la FHP, même si certains se gardent d’annoncer dès à présent leur participation.
Max Ponseillé, directeur du groupe régional OC Santé, affirme déjà qu’il suivra le mouvement. « La cause est juste, et un syndicat doit montrer sa force et son unité ». À Montpellier, OC Santé réalise deux accouchements sur trois. « On nous considère comme partie négligeable du système hospitalier. Les réquisitions prouveront que l’on est indispensable », déclare le président d’honneur de la FHP.
La crainte du retrait des autorisations
Le premier groupe de cliniques, Générale de santé, s’engagera également. Son directeur général, Pascal Roché, l’annonçait le 17 novembre sur « BFM TV » : « Nous sommes évidemment solidaires sur la forme. Si on n’est pas entendu, malheureusement on n’aura d’autre choix que d’aller jusqu’au bout. Parce que c’est l’avenir de la médecine libérale, l’avenir de l’hospitalisation privée en France qui est en jeu ».
Même détermination chez Vivalto santé : « On est contre l’instauration d’un droit de naissance pour le service public hospitalier qui exclut le privé et instaure une discrimination », résume Éric Laspougeas, directeur général délégué du groupe breton.
En Aquitaine, les arguments invoqués sont identiques. Yves Noël, directeur du groupe Bordeaux Nord, président du groupe coopératif Santé-Cité, va droit au but : « La ministre prend en otage les cliniques pour faire pression sur les médecins. Pourquoi nous sanctionner et nous retirer les urgences alors qu’un médecin aura pris un dépassement tout à fait légal ? Ce rapport de force est un gâchis. À Santé-Cité, nous ne voulons pas faire grève. Mais par désespoir, nous suivrons ».
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