Dans le projet de loi HPST, actuellement en cours d’examen par l’Assemblée nationale, il est prévu de confier aux futures ARS (Agences régionales de Santé) le soin de mettre en place un SROS (schéma régional d’organisation des soins) ambulatoire. Vaste programme qui, pour être mis en uvre, devra attendre que ces ARS voient véritablement le jour. Mais d’ores et déjà, le Conseil régional et l’URML (Union régionale des médecins libéraux) de Bretagne viennent ce matin de signer une convention portant sur « la réalisation de diagnostics et préconisations par pays » en matière de besoins médicaux, pour l’ensemble de la région Bretagne, découpée en 21 « pays », ou bassins de vie cohérents.
« L’idée est de partager le diagnostic sur les besoins en matière de réalisation de cabinets de groupe ou de pôles de santé avec le Conseil régional, dans le but d’éviter les initiatives sauvages et sans projet médical cohérent », indique au « Quotidien » le Dr Benoît Feger, président de l’URML, pour qui les contacts qu’entretient l’URML tous azimuts en font « un expert de terrain ». De plus, l’URML a d’ores et déjà modélisé ce que devraient être les pôles de santé, instruments de lutte contre la désertification médicale en milieu rural. Tout ceci milite à ses yeux en faveur de ce type d’initiative conjointe avec le Conseil régional, qui est en charge notamment de l’aménagement du territoire.
Scores de fragilité
Ce travail de diagnostic qui débute à peine n’est pas une mince affaire : selon Benoît Feger, il s’agit en effet de procéder à une analyse des flux de patients et de médecins, à partir de la cartographie élaborée par l’Assurance-maladie, en mettant également en évidence les besoins médicaux des patients en fonction de leur pathologie, le tout en tenant compte de paramètres comme les voies d’accès. « Nous allons aussi projeter la présence des médecins dans le temps par la prise en compte de leur âge », ajoute le Dr Feger pour qui ces différents critères permettront de calculer des « scores de fragilité » pays par pays. Un travail que Benoît Feger juge a priori de bien meilleure qualité que l’outil « Carto-Santé » que l’assurance-maladie met déjà en ligne depuis quelques années via les sites des Urcam : « Carto-Santé est peut-être un outil valable à l’instant où il est mis en ligne, mais certains de ses critères sont contestables : il ne tient pas compte de l’âge des praticiens ni de celui de la population, et il ne différencie pas les MEP des autres médecins », assure-t-il.
D’ailleurs, l’articulation de ce projet avec le SROS ambulatoire des futures ARS est claire pour Benoît Feger : « Le SROS ambulatoire des ARS sera la synthèse partagée et consensuelle du travail de terrain des professionnels de santé, de l’Assurance-maladie et des ARS elles-mêmes ».
Quant au Conseil régional, son implication dans le projet consistera à accompagner « humainement et financièrement » ce travail, selon Benoît Feger qui ajoute que « l’intérêt du Conseil régional est de pouvoir disposer de données opposables en matière d’offre de soins, afin de pouvoir argumenter face au délire de certains élus, qui veulent installer des pôles de santé sur leur territoire sans vraiment tenir compte des besoins réels ».
Au Conseil régional, Maria Vadillo, présidente de la commission des solidarités et délégué à la santé, ne dit pas autre chose : « Nous n’avons pas à proprement parler de compétences en matière de santé, mais nous en avons une en matière d’aménagement du territoire. Nous souhaitions la réalisation d’un tel travail de cartographie, mais de peur que ce ne soit pas pertinent, nous avons jugé indispensable de nous associer à l’URML ». Concrètement, la région pourra participer au financement de la cartograpghie sur son budget Santé, doté en tout et pour tout de 1 million d’euros par an. Pour ce qui est de sa participation au financement-même des projets de pôles de santé ou de MMG, cela passerait par le budget Développement des territoires.
Baisse de la démographie médicale oblige, les URML s’orientent de plus en plus vers l’élaboration de schémas cohérents d’organisation des soins au niveau régional. Benoît Feger n’en disconvient pas, pour lui, « il faut sortir de la seule expérimentation et passer à l’organisation de l’offre de soins ». D’autant, ajoute-t-il, que « nous sommes sous la pression des jeunes médecins qui ne veulent plus de l’ancienne organisation, et veulent une PDS rénovée et organisée ». Voilà donc l’URML de Bretagne résolument engagée dans ce nouveau travail, mais il sera long à achever. Benoît Feger l’estime à « deux ou trois ans ».
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