Durant les cinq prochaines années, le secteur biopharmaceutique va enregistrer d’importantes pertes de brevets et ouvrir une fenêtre de tir pour l’arrivée de nombreux biosimilaires.
Encore faut-il un environnement favorable à leur essor, ce qui est loin d’être le cas, ont déploré plusieurs experts réunis fin décembre à Paris à l’occasion d’un Focus sur les biosimilaires organisés par Décision&Stratégie santé et « le Quotidien ». Les premiers biosimilaires ont réussi à grappiller des parts de marché en France, sans réelle politique en leur faveur, « avec des taux de pénétration tout à fait honorables selon les domaines thérapeutiques », dixit Corinne Blachier-Poisson, co-présidente du groupe de travail du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS). Mais « on manque aujourd’hui de coordination et de lisibilité au niveau des pouvoirs publics », pour aller plus loin, constate Claude Le Pen. L’économiste de la santé évoque un récent rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui ne recommande pas l’interchangeabilité par les médecins des biomédicaments ou l’adoption par les parlementaires du principe de substitution par les pharmaciens dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014. Mesure toujours suspendue à la publication d’un décret.
Un environnement instable et changeant
Sur le terrain, la situation déconcerte les professionnels, à commencer par les pharmaciens hospitaliers. « Pour nous le rapport de l’ANSM a été un vrai choc car on pratiquait déjà l’interchangeabilité sans que cela pose de difficultés cliniques pour les patients », témoigne Jean-François Husson, pharmacien coordonnateur du groupe de coopération sanitaire (GCS) achats du Centre. « Le problème de ce rapport, c’est qu’il n’y a absolument aucune référence bibliographique associée et il n’y a pas non plus le nom des experts interrogés », pointe ce dernier. « Aujourd’hui, on ne parle pas assez de science, on travaille uniquement sur de l’émotionnel », considère-t-il.
Un point de vue partagé par le Dr Pascal Hilliquin, chef du service rhumatologie du Centre hospitalier Sud Francilien (Corbeil-Essonnes), qui estime que les recommandations actuelles constituent « un pas en arrière ». Au niveau des industriels, « l’environnement instable et changeant » autour du biosimilaire ne rassure pas. « Les acteurs appellent à une politique de prix qui soit incitative et stable, avec de vrais efforts pour développer l’usage » de ces produits, relaie le Dr Frédéric Girard, président de Sandoz France. Enfin, du côté des patients, les « discussions de chapelle » autour des biosimilaires interrogent et agacent. « On veut des faits, des essais thérapeutiques », martèle Alain Olympie, directeur de l’association François Aupetit, consacrée aux maladies inflammatoires chroniques intestinales.
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