À l’instar des laboratoires français réunis au sein du G5 santé, l'ensemble des industriels du médicament nationaux ou étrangers, développant des médicaments génériques ou innovants, PME ou multinationales, sont vent debout contre le projet de budget de la Sécu pour l'année prochaine. Ce jeudi, au lendemain de l'adoption en commission du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le Leem a porté une accusation lourde, jugant que « le montant de l’enveloppe consacrée aux dépenses de médicaments pour 2023 semble sciemment fixé en deçà des besoins de la population ».
Selon la fédération des industriels du secteur, ce budget serait de 7 % inférieur aux dépenses de médicaments pour 2022 (24,6 milliards d’euros alloués en 2023, contre 26,4 milliards d’euros de dépenses l'an dernier). « Dans une dynamique où l'innovation arrive en masse, où la population vieillit et où la demande de médicaments augmente, on constate que la régulation économique imposée par le législateur devient hors de contrôle », a expliqué Thierry Hulot, président du Leem.
Demi-tour
Pour 2023, se désole-t-il, « nous allons faire face à 3,5 milliards de régulation économique, représentant plus de 13 % de notre chiffre d'affaires, à quoi vient s'ajouter la fiscalité la plus lourde de l'Union européenne ».
Selon le gouvernement, ce budget prévoit 1,1 milliard d'euros d’économies l’an prochain dans le secteur, alliant baisses de prix, contributions et clause de sauvegarde. Cette dernière mécontente particulièrement les industriels qui dénoncent « une taxe sur la croissance confiscatoire d'un montant hors de toute proportion ». Le Leem souhaite une réévaluation de sa base de calcul. « Le plan France innovation santé 2030 avait relancé une bonne dynamique pour l'innovation et pour que celle-ci soit produite en France, a souligné Audrey Derveloy, nouvelle présidente de Sanofi France. Ce PLFSS marque un demi-tour qui porte atteinte à l'attractivité du territoire alors qu'on recommençait à investir dans les nouvelles technologies et de nouvelles capacités de production ».
Inflation et coût de l'énergie
Comme l'ensemble du secteur industriel, les laboratoires pharmaceutiques sont confrontés à des problématiques d'approvisionnement (notamment pour l'aluminium et le carton) et à l'inflation. « Le coût de l'électricité et du gaz a progressé très fortement et nous avons également dû augmenter les salaires de nos employés qui font face à la vie chère », explique Karine Pinon, PDG des laboratoires X.O et Noden Pharma et présidente de l'Amlis (qui représente les PME de santé).
L'argument de la souveraineté sanitaire tricolore a été avancé par Philippe de Pougnadoresse, directeur général d'Ipsen France, rappelant que « l'Inde et la Chine produisent 60 % du paracétamol mondial, 90 % de la pénicilline et 50 % de l'ibuprophène ».
Innovation en question
Parallèlement, « le taux de croissance de l'enveloppe du médicament de +0,4 % ne permet pas de financer les innovations qui sont en train d'arriver », a déploré Corinne Blachier-Poisson, présidente de Amgen France et présidente de l'Agipharm (qui représente les groupes internationaux), citant les nouvelles thérapies géniques et l'utilisation des CAR-T cells.
Les labos dénoncent enfin le nouveau système de référencement des médicaments de même visée thérapeutique par appel d'offres – les autres étant déremboursés – prévu par l'article 30 du PLFSS. Une perspective qui inquiète notamment les fabricants de génériques. « C'est un engrenage dangereux qui fragiliserait notre industrie car on ne peut pas en permanence adapter nos lignes de production », a estimé Jean-Louis Anspach, directeur général de Teva santé. Selon le vice-président du Gemme, les associations de patients seraient également opposées à cette mesure.
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
L’orchestre symphonique des médecins de France donne un concert « émouvant » en hommage aux victimes du cancer du sein