En France, 8 % des émissions de gaz à effet de serre sont émises par le secteur de la santé, selon Shift Project. Deux fois plus donc que le transport aérien, pas loin encore du chauffage au gaz et à fioul qui concentre 12 % de l’empreinte carbone. De la production des principes actifs, souvent à l’autre bout du monde, au transport en passant par le conditionnement : sur les 46,7 millions de tonnes de CO2 émises par la santé chaque année, un tiers est dû aux médicaments.
Les traitements inhalés utilisés dans l'asthme font particulièrement grimper la facture carbone. « Un mois de traitement avec un inhalateur utilisant un gaz propulseur standard équivaut à prendre tous les jours sa voiture pour aller au travail sur 7 km », détaille Sébastien Taillemite, président d’Ecovamed, société qui évalue l’impact carbone des produits de santé, lors d’une conférence de presse organisée par le laboratoire Chiesi. Précisément, un mois de traitement par inhalateur émet 17 kg d’équivalent CO2.
Poudre et nouveaux gaz
« La plupart des gens n’ont pas conscience de l’impact sur la planète des traitements inhalés, indique le Pr Nicolas Roche, pneumologue à l’hôpital Cochin. En tant que prescripteur, ce qui prime c’est la capacité du patient à bien utiliser son inhalateur, car celle-ci conditionne l’efficacité du traitement ». D’ailleurs, seuls 38 % des Français pensent que le choix du professionnel de santé devrait prioritairement se tourner vers des médicaments à empreinte carbone faible, selon un sondage Ifop mené pour Chiesi en mai 2022. À l’inverse, 62 % des patients pensent que le choix du médicament devrait plutôt être guidé par des potentiels d’économies pour la Sécu. Pourtant, « quand on baisse les émissions carbones, on baisse aussi les coûts, c'est vertueux », affirme Sébastien Taillemite.
Des alternatives moins polluantes aux inhalateurs classiques sont en cours de développement. « De nouveaux gaz propulseurs permettent de faire baisser de 70 à 90 % les émissions de gaz à effet de serre », indique le Pr Roche, coauteur d’une étude sur le sujet. Selon ses modélisations, les inhalateurs à poudre sèche « ont également un gros potentiel de réduction, de 60 à 70 % », poursuit le pneumologue.« L’empreinte carbone des nouveaux gaz ou des poudres est relativement proche, c’est donc au choix du patient et du praticien », commente Sébastien Taillemite, dont les travaux relèvent des chiffres comparables.
18 jours de vélo
Pour le compte de Chiesi, Ecovamed a évalué l’impact d’un nouveau gaz propulseur à faible émission développé par le laboratoire, le « R152A ». Résultat : « un mois de traitement correspond désormais à 2 kg équivalent CO2 mensuel » au lieu de 17, se réjouit Sébastien Taillemite. La commercialisation de ces nouveaux inhalateurs est prévue pour 2026. « Nos analyses prennent en compte tout le cycle du médicament, du berceau à la tombe », précise Sébastien Taillemite.
Ecovamed entend prochainement développer un label à destination des médecins, pharmaciens et établissements, « qui leur permettra de choisir le produit de santé le moins émetteur ». Le Président de Chiesi France, Patrice Carayon - qui revendique sa démarche écolo - espère que d’autres actions seront mises en place « pour inciter les médecins à prescrire des produits les plus green possible ».
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